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Société & Culture

L'économie de la nuit en danger, de nombreux emplois menacés

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À bout de souffle, les opérateurs de ce secteur d'activité se plaignent d'une baisse drastique et continue de leurs chiffres d'affaires. Du coup sont-ils contraints de licencier ou de mettre leurs personnels en congés techniques.

Les jours se succèdent, mais les réalités demeurent toujours difficiles pour les responsables d'établissements de nuit. Sept mois après l'instauration, puis l'allègement du couvre-feu (de minuit à 5 heures du matin) sur l'ensemble du territoire national, à la suite des élections générales d'août 2023 et de l'avènement au pouvoir du Comité pour la transition et la restauration des institutions, les cafés, hôtels, restaurants, bars, snack-bars, lounges, boîtes de nuit et assimilés tournent au ralenti.

Une baisse de régime que leur avait déjà imposé la pandémie de Covid-19 avec les mesures de protection et de restrictions entre 2020 et 2022. Alors qu'ils avaient savouré la liberté pendant les fêtes de fin d’année 2023 (Noël et Nouvel an) et ressenti les bienfaits de la suspension du couvre-feu qui avait été instaurée au cours de cette période festive, ces opérateurs avouent avoir entrevu l’espoir d’un retour à la normale. Mais, celle-ci s’est vite dissipée avec le rétablissement strict dès le 2 janvier 2024.

Depuis lors, rien ne s'est amélioré pour eux. Pis, tout s'est dégradé. Car les clients ne sont plus nombreux comme auparavant. Et c'est avec beaucoup de difficultés que beaucoup d'entre eux parviennent à régler leurs charges. "Si je tiens compte de ma situation, je suis actuellement à plus de 85 % de pertes. D'autres confrères ont encore la chance d'être à 60 %. J'éprouve énormément de mal à faire face à mes obligations locatives, d'imposition et autres", s'exprime Ly Ismaël, responsable du night-club Oxy+.

"Certes, nous avions fermé les portes durant la période de la pandémie de Covid-19 entre 2020 et 2022. Mais, des arrangements, par exemple avec la SEEG, avaient été faits pour qu'on ne nous suspende pas la fourniture en électricité et en eau. En plus, nous avions été dispensés du paiement des taxes municipales et d'impôts. L'État nous avait demandé de ne pas licencier le personnel. Nous l'avons respecté. Mais, c'est devenu intenable aujourd'hui", ajoute-t-il.

Pour Hermann Afiana du label Event Planer, dès l'instant où il n'y a plus de clientèle, et que la population est contrainte de regagner les domiciles très tôt, ce sont les recettes qui en pâtissent. "Nous savons que le monde de l'emploi est tellement compétitif et complexe que s'il n'y a pas de revenus, il s'ensuit une cascade de déchéances par rapport à la gestion de nos enfants, de nos charges, etc", explique-t-il.

Chose qu'on comprend aisément à l'heure actuelle. Car, à bout de souffle, plusieurs opérateurs de nuit se plaignent d'une baisse drastique et continue de leurs chiffres d'affaires. Nombreux parmi eux ont, d'ailleurs, mis la clé sous le paillasson. Du coup, ce sont des milliers d'emplois qui se retrouvent gelés et de nombreuses familles condamnées à la précarité. "En réalité, au-delà de l’économie de nuit, c’est tout le tissu de l’économie nationale qui suffoque par le simple fait de la chaîne de dépendance entre les différents secteurs d’activité."

Les unités économiques et industrielles de jour recevant de moins en moins de commandes des clubs de loisirs et de divertissement qui tournent plus que jamais au ralenti", confie, pour sa part, Eddy du Boomerang. "Nous étions capables d'atteindre des recettes allant jusqu'à 1 à 2 millions de francs CFA durant les jours ordinaires. À l’heure actuelle, il nous est même difficile de faire 100 000 francs", partage Marky du Blue Banana.

Si l'argument de la sécurité et de la stabilité du pays en cette période d'exception est largement évoqué, les patrons de bars, restaurants et autres boîtes de nuit, de leur côté, disent en être conscients. La seule demande qu'ils formulent, généralement, c'est qu'une oreille attentive soit accordée à leur situation. Et que des mesures d'accompagnement, le cas échéant, puissent être trouvées.

 

Frédéric Serge LONG

Libreville/Gabon

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