L'ÉTAT et l'Eglise, depuis le 19e siècle, sont régis par le principe de séparation et d'égalité de pouvoirs. Malgré cela, les deux entités sont liées par un partenariat en matière d'éducation.
Le décret n° 00508/ PR/MENIC pris en application des dispositions de la loi n° 16/66 du 9 août 1966, portant organisation générale de l'enseignement en République gabonaise, fixe les conditions de création, d'organisation et de fonctionnement des Écoles. Ce texte donne ainsi lieu à l'existence des ordres d'enseignement confessionnel (protestant, catholique, Alliance chrétienne, islamique) qui constituent l'un des maillons du système éducatif national.
Dans le partenariat qui engage les deux pouvoirs, l'État est quasiment le seul à respecter les clauses du contrat. Il recrute et forme les personnels, assure leur rémunération, leur garantie sociale, leur carrière professionnelle et toutes les charges y relatives. Il va jusqu'à subventionner et équiper les établissements confessionnels. En revanche, il est reproché à l'Église son incapacité à apporter sa contribution au développement de l'édifice. Mais les responsables ecclésiastiques se vantent de ce que les établissements scolaires sont leur œuvre.
"Là où le bât blesse, c'est le mépris et le manque de courtoisie des hommes d'église vis-à-vis des fonctionnaires qui exercent dans les ordres d'enseignement confessionnel. Ceux de l'Alliance chrétienne pensent que nous sommes de simples employés, à contrat précaire dans leur entreprise. Ils ignorent que nous sommes des agents de l'État, régis par le statut de la Fonction publique. C'est dommage", regrette Jean, agent public à la retraite.
A cause de cette vue erronée, les responsables du bureau national de l'Église de l'Alliance chrétienne et missionnaire du Gabon (EACMG) ont remué le couteau dans la plaie et provoqué une crise avec les fonctionnaires qui exercent dans leur ordre d'enseignement. Ces derniers reprochent au président de la congrégation religieuse, André Philibert Binet, et son équipe d'avoir outragé les personnels de la direction de l'enseignement en les traitant, de façon subtile, d'incompétents, de profito-situationnistes et de voleurs lors des dernières assises du synode national tenues au mois de juillet à Avéa 2.
"Le péché du directeur général de l'enseignement, Jean-Louis Aimé Ibouanga, c'est de chercher à améliorer les conditions de travail des personnels, d'assainir les finances de l'institution, par la bonne gestion des subventions octroyées par l'État, en supprimant les privilèges dont bénéficiaient les anciens dirigeants et les membres du bureau national de l'Eglise", rapporte une source proche de l'EACMG.
Les responsables du bureau national de l'Église auraient ourdi un complot contre le DGE (directeur général de l'enseignement) pour le discréditer avant de l'éjecter de ses fonctions. "Ils ont commis une personne malintentionnée pour leur rapporter des informations toutes cousues de fil blanc et très loin des faits réels sur ma gestion de l'institution. Cela pour nuire, mais surtout pour obtenir eux-mêmes une place au sein de la direction de l'enseignement. Heureusement pour moi, je ne me reproche rien, j'ai fait mon boulot dans le respect de l'éthique et de la déontologie", explique l'ancien DGE.
Les fonctionnaires de l'enseignement de l'Alliance chrétienne estiment que les responsables ecclésiastiques ont écorné l'image de toute la corporation enseignante. Ils disent tout haut leur colère et lancent ainsi un défi à la présidence de l'EACMG.
"Nous sommes des agents de l'État en situation de détachement. Que l'Église engage désormais sa responsabilité à payer tous nos droits comme le fait l'État. Nous n'accepterons plus de travailler dans ces conditions, cadeau", a revendiqué l'un des agents au vice-président César Mitchanga, lors de la cérémonie de passation de charges entre l'ancien directeur général et l'entrant.