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Enquête

Haut-Ogooué : la mort programmée de l’école catholique ?

École catholique dans le Haut-Ogooué. © DR

« Il faut l’engagement de l’église au niveau des structures administratives, de la formation
des enseignants, etc». © DR

Autrefois considérée comme une référence, l'école catholique perd inexorablement ses lettres de noblesse. C'est du moins le constat fait dans les établissements primaires de cet ordre d'enseignement dans le Haut-Ogooué. Un constat d'ailleurs perceptible sur toute l'étendue du territoire national. Pour cause : sa structure de formation d'enseignants, notamment, l'École normale des instituteurs catholiques (ENIC) n'assure plus la formation des instituteurs depuis sa dernière cuvée en 2009, bien que l'administration fonctionne avec, à la tête, un directeur général.

Conséquence du manque criant d'enseignants: il n'est pas rare de voir dans plusieurs localités de la province un moniteur local ou un instituteur principal tenir une classe multigrade. Pis, dans de nombreuses écoles, il n'est pas non plus rare de ne compter que sur trois agents formés, le reste étant des " bénévoles", des personnes de bonne foi, sans formation ni qualification. Ces dernières prêtent main-forte gratuitement à l'école en tenant des classes de base, telles que la 1re année. Plusieurs enseignants fonctionnaires vieillissants partent à la retraite, sans être remplacés. Les responsables ecclésiastiques en sont conscients. Et du coup, la formation des jeunes élèves gabonais est biaisée. " C'est certain que les établissements ne pourront pas atteindre les objectifs escomptés au CEP et à l'entrée en sixième", a regretté un parent d'élève.

Au niveau des circonscriptions, le constat est le même : ces administrations souffrent d'un manque de personnel. Sur environ dix agents prévus pour ce service, certaines circonscriptions n'en comptent au plus que deux. C'est le cas de la circonscription du Haut-Ogooué nord, qui compte un chef et une secrétaire administrative. Le Haut-Ogooué sud (Moanda) en souffre autant.

Les élèves inscrits dans les écoles catholiques sont privés de manuels distribués par le ministère de l'Éducation nationale dans tout le pays. Ces manuels scolaires n'étant prioritairement destinés qu'à l'enseignement public. Résultat : les enseignants peinent à s'arrimer aux nouveaux programmes de l'Éducation nationale. Les parents d'élèves et les élèves en payent d'ailleurs le lourd tribut. 

Il y a quelques mois, la ministre de l'Éducation nationale, Camélia Ntoutoume-Leclercq, a lancé un vaste programme de formation à l'Approche par les compétences (APC) au secondaire, une formation sur les nouveaux manuels super efficace en 4e et 5e années du primaire, puis une formation à l'endroit des bénévoles du primaire et du secondaire. Dans le Haut-Ogooué, tous les bénévoles de l'enseignement confessionnel ont été priés de vider les lieux.

Ceux qui étaient visés étaient particulièrement les catholiques notamment les bénévoles de cette formation et du programme sur les nouveaux manuels.

Une situation jugée injuste et frustrante par les enseignants. "Nous enseignons les jeunes gabonais qui ont droit à une bonne formation, au même titre que ceux inscrits dans les écoles publiques. Nous ne comprenons pas pourquoi cette discrimination", a déploré l'un deux. Les manuels offerts n'ont été distribués que dans les circonscriptions publiques, obligeant leurs collègues catholiques à la mendicité des curricula, des guides pédagogiques et des manuels, pour l'administration.

Le prestige lié à la fonction de chef de circonscription a pris un coup dans cet ordre d'enseignement. D'autant plus que même lors des examens nationaux, ces derniers sont insérés sur les listes au même titre que tous les agents. Selon certaines indiscrétions, une loi prévoit des quotas aux examens pour les catholiques et l'Alliance chrétienne. Mais voilà : les chefs des circonscriptions de ces deux ordres d'enseignement dépendent des chefs de circonscriptions publiques. Toute chose qui semble absurde, puisque toutes dépendent d'une seule et même Direction d'académie provinciale (DAP).

Voilà plusieurs années que, dans cette partie du Gabon, deux écoles catholiques ont été obligées de fermer leurs portes par manque d'enseignants. A savoir celle de la CEB au village Ossele et d'Aboumi dans la Bayi-Brikolo. Sur le plan administratif, les bureaux des circonscriptions, situées dans l'enceinte des écoles, sont d'une autre époque.

En effet, celui abritant la circonscription du Haut-Ogooué nord, située à Franceville, est fait en matériaux de fortune, sans aucun standard normatif, avec des vestiaires inadéquats placés près de ceux des enseignants et des élèves, qui exhalent des odeurs nauséabondes. Quelle performance attendrait le clergé, qui exige des résultats, dans des conditions de travail aussi moroses et dégradantes ?

Depuis 2023, date de la réouverture de l'École normale des instituteurs de Franceville (ENIF), les yeux des responsables pédagogiques catholiques sont rivés vers cette cuvée qui sortira cette année. 

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