On le sait depuis lundi 19 mai dernier. A son siège de La Haye, aux Pays-Bas, la Cour internationale de justice (CIJ) s'est prononcée sur le différend territorial qui oppose le Gabon à la Guinée équatoriale. Il importe de revenir sur la décision du principal organe judiciaire des Nations unies, que certains estiment en défaveur de Libreville en se demandant si elle l'est vraiment. À cette interrogation, de nombreux observateurs avisés répondent par la négative. La considérant comme "une faute au préjudice de l'État équato-guinéen qui, en réfutant la Convention de Bata signée en 1974, ne savait pas qu'il allait perdre une partie de son territoire".
Aux paragraphes 155 et 156 de l’arrêt de la CIJ, il est dit, et cela sans la moindre ambiguïté, que le seul titre faisant droit, s’agissant de la frontière terrestre, est la Convention franco-espagnole de 1900. Mieux, dès lors qu’elle ne reconnaît pas celle paraphée il y a 51 ans dans la ville portuaire située dans la région du Rio Muni, la Cour a affirmé au paragraphe 155 que "la frontière décrite à l’article IV de Convention de Paris n’a pas été modifiée. Que dit alors cet article ?
"La limite entre les possessions françaises et espagnoles sur la côte du Golfe de Guinée partira du point d'intersection du thalweg de la rivière Mouni, avec une ligne droite tirée de la pointe Coco Beach à la pointe Diéké. Elle remontera ensuite le thalweg de la rivière Mouni et celui de la rivière Outemboni jusqu'au point où cette dernière rivière est coupée pour la première fois par le 1er degré de latitude Nord et se confondra avec ce parallèle jusqu'à son intersection avec le 9° de longitude Est de Paris. De ce point, la ligne de démarcation sera formée par ledit méridien 9 Est de Paris jusqu'à la rencontre avec la frontière méridionale de la Colonie allemande du Cameroun".
En considérant le dernier paragraphe du quatrième article de la Convention de Paris, les géographes soulignent que la frontière entre les colonies française et espagnole est donc constituée par une ligne droite. Celle du 9° Est de Paris. Il n'échappe à personne que la frontière actuelle est constituée par la rivière Kyè. "Elle n'est rien d'autre que celle fixée dans la Convention de Bata. Or, comme la Guinée équatoriale nie l'existence de ce texte et que la Cour internationale de justice l'a suivie, il ne reste qu'une seule ligne frontière, celle de la Convention franco-espagnole de 1900", selon nos sources.
Et cela n'est pas sans conséquence, surtout pour la Guinée équatoriale qui aurait bien pu s'abstenir d'insister sur ce différend, au regard des liens historiques qui nous unissent. Si on se contente d'appliquer la décision de la CIJ, ce pays perdrait 375 km2 de son territoire au profit du Gabon.
En l'espèce, il s'agit de Mongomo et Ebebiyin. Espérons que les deux parties vont prendre la mesure de la décision de la Cour et que, en se remettant autour d'une table, elles comprendraient le bien-fondé de respecter les accords territoriaux de 1974. Dans l'intérêt de leur amitié historique.
random pub
