Menées par les services spécialisés, les enquêtes sur les détournements présumés de fonds à la compagnie Gab'Oil, évoqués depuis plusieurs jours, commencent à faire des victimes. Hier, sur décision du ministère du Pétrole, tutelle de cette entreprise publique, plusieurs hauts responsables ont été suspendus de leurs fonctions, apprend-on de sources concordantes. Il s'agit du président du conseil d'administration de Gab'Oil, Landry Bongo Ondimba, de l'administrateur-directeur général, François Owono Messi, du directeur financier, Denise Fanguynoveny, et de son adjoint Junior Ndong Ollo'o, mais aussi du chargé d'études du PCA, Davy Cédric Mavoungou et du conseiller de l'A-DG, la capitaine Vanessa Oyane Obame, un des membres du cabinet de l'A-DG.
Nos informateurs renseignent que les deux premiers cités et l'adjoint au directeur financier auraient même été interpellés par les éléments de la Direction générale de la contre-ingérence et de la sécurité militaire (DG-CISM, communément appelée B2).
Les ennuis de ces dirigeants sont nés à la suite de la publication, sur les réseaux sociaux, d'un document datant du 11 novembre 2024. Lequel fait état d'un décaissement de plus de 46,2 millions de FCFA pour le PCA de la société Gab’Oil, pour la campagne référendaire. Cette somme aurait servi, notamment, aux frais de représentation (10 millions de FCFA), à l'hébergement (5 millions de FCFA), aux tee-shirt et casquettes (7,5 millions de FCFA), à la location de véhicules (4,2 millions de FCFA) et à l’organisation des causeries (2 millions de FCFA). Selon des voix autorisées, l'argent aurait été décaissé par l’administrateur-directeur général.
Mais si ces différentes rubriques peuvent occasionner la mobilisation d'une telle enveloppe, ce qui fâche c'est le fait de puiser dans les caisses d'une entreprise déjà surendettée. L'on parle d'une dette s'élevant à plusieurs centaines de milliards de FCFA dont 50 milliards de FCFA à la Société gabonaise de raffinage (Sogara). D'où les soupçons de détournements d'argent, d'autant plus que ces dépenses ne cadrent pas avec les activités de Gab'Oil.
Ces agissements sont si graves que l'État ne pouvait les tolérer. Pour ainsi dire, ils mettent en lumière la gestion épicière dont sont coupables certains responsables d’entreprises publiques. Des pratiques peu orthodoxes qui semblent persister, au moment où les autorités de la Transition insistent sur une gestion saine des deniers de l'État. Avec des responsables qui s’engraissent au détriment des intérêts du pays et au péril des structures dont ils ont la charge.
Gab'Oil est une des entreprises publiques créées sous le régime déchu au même titre que Gabon Oil Company et Gabon Oil Marketing. De véritables mines d'or dans lesquelles l'on pouvait aisément se servir. Si des interpellations et des incarcérations ont eu lieu dans le cadre de deux opérations anticorruption ("Mamba" et "Scorpion") lancées pour rendre gorge les auteurs de malversations financières, elles semblent cependant n'avoir pas servi de leçon à certains.
Au terme de l'enquête préliminaire effectuée, les jours à venir devraient s'annoncer difficiles pour les personnes visées. Et l'opinion, qui suit de près cette actualité, attend de voir jusqu'où elle ira.