L'Union: Comment interprétez-vous la décision de la Cour internationale de justice sur le différend territorial entre le Gabon et la Guinée équatoriale ?
Me Jean Paul Moumbembé : "C'est une décision prévisible pour moi. Pendant plus de 5 ans, j'étais dans le groupe de travail de réflexion avec les autres membres politiques et juridiques. J'étais, en ma qualité d'avocat, le portevoix et porte-parole direct à la fois de feu le président Omar Bongo Ondimba. Ce dernier, mieux que quiconque, savait qui est le véritable propriétaire historique, réel de ces trois îles, mais personne ne voulait l'écouter sur sa volonté de défendre ce qui lui tenait à cœur, à savoir l'exploitation commune de ces îles, du fait des gisements que chacune pouvait contenir. À la mort d'Omar Bongo Ondimba, j'ai été expulsé du groupe. Ça, c'est pour l'histoire. Cela dit, cette décision est contraire au rêve idéologique des Gabonais. Au temps du vieux sage Omar Bongo Ondimba, le Gabon avait de la voix. Que peut faire le nouvel homme fort du Bord de mer qui vient d'hériter d'un dossier traité depuis plusieurs années sans lui ? Qu'on ne se trompe pas, le président Brice Clotaire Oligui Nguema n'a rien vendu de la terre gabonaise à la Guinée équatoriale. Le droit international a tranché, conformément aux dires et pièces de chacune des deux parties."
Alors, feu Omar Bongo Ondimba vous impliquait dans les discussions avec la Guinée équatoriale. Que pouvez-vous dire aujourd'hui ?
"Cette décision de la CIJ a un sens et une portée idéologique, juridique, politiques et historique. Le débat porté devant cette juridiction internationale était lié uniquement à la propriété de ces îles. D'autres commentaires sur telle ou telle autre terre sont hors sujet. Savoir à qui appartiennent ces îles ressort du dispositif de la décision de la CIJ. Si on avait écouté le défunt sage Omar Bongo Ondimba, de par ma pauvre voix, on n’en serait pas là en train d'essuyer nos larmes d'intellectuels. La Guinée équatoriale et le Gabon héritent de leur passé historique, mais comment mon pays pouvait-il le contourner en l'absence de documents administratifs fiables ? Il fallait être à la fois intelligent et malin. Nos intellectuels se fient trop à leur intelligence."
Après la sentence de la CIJ, quelles sont les possibilités de recours dont dispose le Gabon ?
"Les juges ayant tranché la question de droit posée, le dispositif récolté est définitif. Plus question de s'embrouiller avec des conclusions hâtives de dernière seconde. Pour éclairer la religion du peuple, lisons le dispositif de la décision de la CIJ et cessons de mélanger le droit public avec le droit privé, car traité un tel dossier sur le partage des terres prend des années. Et chercher à négocier maintenant, c'est du n'importe quoi distribué au peuple qui mérite la vérité juridique, puisqu'on n'a pas voulu l'exploitation commune de ces îles au moment où le Gabon était fort avec ce seul nom influent qu'était Omar Bongo Ondimba."
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