L'Union : Madame la directrice générale, quelle est aujourd'hui la situation de la Cnamgs après la crise qui a opposé l'institution au Sypharga en début d'année et qui s'est traduite par la suspension de la délivrance de médicaments aux assurés dans les pharmacies ?
Nadia Christelle Koye : Merci de me donner l'opportunité de mexprimer au nom de la Caisse nationale d'assurance maladie et de garantie sociale, et d'exposer les préoccupations ainsi que les défis que nous rencontrons à l'aube de la Ve République. Une nouvelle ère où les services publics sont soumis à une obligation de résultat, notamment ceux investis d'une mission sociale comme la Cnamgs.
Les problématiques auxquelles nous faisons face sont d'abord d'ordre structurel à l'origine de la situation conjoncturelle que nous ne souhaitons plus vivre dans la mesure où les Gabonais se sont vus privés d'un droit essentiel.
Notamment la suspension temporaire de la fourniture de médicaments dans certaines officines pharmaceutiques. Une situation qui illustre les contraintes auxquelles est confrontée notre institution. Pour rappel, la Cnamgs constitue la vitrine de la politique sociale du président de la République, chef de l'État, chef du gouvernement, Brice Clotaire Oligui Nguema.
Nous avons trouvé une situation préoccupante marquée par des dysfonctionnements en matière de gouvernance. Dès notre prise de fonction, nous avons initié plusieurs actions pour améliorer la gestion, la qualité des services et la transparence. Cela induit une stratégie progressive de traitement de la dette, en fonction bien sûr des capacités de recouvrement de la Caisse.
De nombreuses plaintes persistent concernant l'accès aux médicaments pour les assurés Cnamgs. Quelle est votre lecture de cette situation ?
Les prestations offertes par la Chamgs suivent une nomenclature conjointe arrêtée par le ministère de la Santé (dont relèvent les prescripteurs), les officines pharmaceutiques et la Cnamgs. Cette nomenclature est revue régulièrement lors de journées dédiées à la liste du médicament. Certaines plaintes traduisent un besoin réel d'actualisation, car de nouvelles pathologies apparaissent, tandis que d'autres évoluent. En 2025, nous avons procédé à une mise à jour de la liste des médicaments pris en charge par la Cnamgs. Cette liste sera formellement communiquée aux assurés afin de clarifier les médicaments pris en charge et les modalités de prise en charge
Il y a aussi que certaines pharmacies exigent la présentation d'un duplicata avec QR code, excluant ainsi certains patients. Cette pratique est-elle conforme aux accords signés avec vos partenaires ?
Était-elle connue de vos services ?
La délivrance de QR code s'inscrit dans notre plan de digitalisation des services. Si certaines pharmacies ont anticipé l'usage de ces codes, il convient de rappeler que les duplicatas avec QR code actuellement en circulation n'annulent pas ceux précédemment délivrés, tant qu'ils ne sont pas désactivés sur notre réseau. Tous les documents émis par la Cnamgs restent valables. Nous avons entrepris une campagne de communication à cet état et cette situation de fait a été corrigée.
D'autres officines restreignent l'accueil des assurés Cnamgs à des créneaux horaires très limités, parfois uniquement le matin. Comment expliquez-vous ces limitations, et comment la Cnamgs entend-elle y répondre?
Certaines officines limitent l'accès des assurés en dehors des heures de bureau. Ces pratiques ne sont pas conventionnelles. En vertu de leur contrat, les officines ont l'obligation de servir les assurés sans discrimination horaire. Nous comprenons que des tensions de trésorerie contraignantes générées par les retards de paiement de sa dette par la Cnamgs sont consécutives aux problèmes structurels de la Caisse. Néanmoins nous avons & fait des efforts considérables pour apurer la dette.
Ces efforts se poursuivent dans la mesure ou a la justice sociale étant inscrite au cœur des priorités du président s de la République, ces restrictions-sont donc des initiatives privées que nous entendons corriger dans le cadre d'une gouvernance vertueuse axée sur la sanctuarisation des dépenses techniques.
Il nous est revenu que des bénéficiaires se plaignent de la suspension de la prise en charge de soins à l'étranger, voire du rapatriement forcé de certains malades. Pouvez-vous nous expliquer les raisons de ces décisions ? S'agit-il d'une mesure conjoncturelle ou structurelle?
Les évacuations sanitaires sont autorisées sur décision du directeur général, après avis de la commission technique. Elles sont accordées pour une pathologie précise. Si le traitement nécessite une prolongation, elle est autorisée dans la limite du plafond réglementaire : 50 millions de francs CFA par patient et par an. À l'épreuve de nos investigations il nous est apparu que des sommes colossales étaient dépensées pour des évacués qui n'en justifiaient pas la nécessité. Des évacuations fictives ou pour des traitements injustifiés depuis des années au détriment des Gabonais qui en présentaient l'urgence médicale.
Nous avons dû prendre la décision de rapatrier trois assurés en France, présents depuis plusieurs années, car le plafond légal avait été largement dépassé. Cette décision n'est pas personnelle mais fondée sur la stricte application des textes. Lobjectif est de garantir une justice sociale : permettre à tous les Gabonais d'accéder à une évacuation sanitaire dans le respect des règles établies.
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Retrouvez l'interview complète dans votre Journal L'Union du 19 mai 2025 sur le Kiosque Sodipresse
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