Aller au contenu principal
Politique

Editorial / Déguerpissements : zones d’ombre et non-dits

Lin-Joël Ndembet

Cette vive émotion a été à la hauteur du drame humain vécu par ces milliers de personnes qui ont vu leurs habitations détruites et en un très court laps de temps, les liens sociaux tissés depuis, des décennies dans ces lieux. Ainsi que des propriétaires des petits commerces et familles plongés dans une précarité encore plus grande. Un drame aggravé surtout par l’absence de transparence dans l’indemnisation des déguerpis et de politique de relogement et d’accompagnement dont ils auraient dû bénéficier, si le gouvernement de la Transition naguère dirigé par Raymond Ndong Sima avait pris le soin de le traiter plus sérieusement.

Or, malgré les assurances données au président de la République, Brice Clotaire Oligui Nguema, par ceux qui l’ont pilotée durant la Transition, pour justifier à l'époque son lancement, l’État peine aujourd'hui à convaincre l'opinion publique. En dépit du bien-fondé de son projet de développement urbain de Libreville, le voilà contraint de jouer au médecin après la mort. Une situation qui s'explique par la difficulté ou l'incapacité, jusqu'alors, des hauts responsables impliqués dans ce dossier à présenter une liste définitive des personnes indemnisées, celles pouvant bénéficier de relogement et des mesures urgentes d'aide aux déguerpis.

Face à ces limites, la question que l'on peut se poser est de savoir si l'État a entrepris tout ce qu'il fallait pour assurer une bonne gestion de ce déguerpissement. De quels éléments disposait-il pour asseoir son argumentaire ? Qu'ont-ils fait des fonds alloués à ce projet ? Cela se doit de se savoir d’autant qu'un flou artistique entoure ce projet dans lequel sont impliqués des acteurs étatiques et privés.

Ne pas clarifier le rôle de chacun ajouterait à la confusion et à la suspicion qui règnent. Et le silence assourdissant de certains acteurs n’est pas de nature à rassurer… l'opinion. Une certitude : trop de zones d'ombre et de non-dits entourent cette opération qui mérite que l'on démêle l'écheveau d'une situation débridée qui ne profite à personne finalement. Laquelle tranche avec la volonté affichée par le chef de l'État de changer l'image de notre capitale où habitations précaires, taudis et autres bidonvilles côtoient immeubles et édifices publics.

D'où la nécessité et l'urgence d'en finir avec ces politiques de laxisme qui n'ont fait que retarder notre pays en général et nos villes en particulier. Une ambition qui aurait normalement suscité une forte adhésion au sein de la population et non ce rejet auquel on assiste malheureusement. Tout simplement parce que certains n'ont pas su prendre en compte la dimension humaine dans la réalisation de cette ambition légitime. Vivement que les enquêtes annoncées aboutissent, dans l'espoir que leurs conclusions soient connues de tous !

random pub

Chaine WhatsApp L'Union
Logo