Aller au contenu principal
Économie

Christian Kerangall : pas de combat ou de lutte dans le refus de l’introduction en bourse de BGFI

Christian Kerangall : pas de combat ou de lutte dans le refus de l’introduction en bourse de BGFI. © DR

L'Union : Christian Kerangall, la banque BGFI Holding au sein de laquelle vous comptez parmi les actionnaires historiques, pour ne pas dire, un des principaux représentants qui détient 23% du capital, s'est engagée sur une voie nouvelle au terme de sa dernière assemblée extraordinaire. Depuis lors, votre position semble quelque peu incomprise surtout après que vous avez répondu à un confrère panafricain au sujet de cette AG. Qu'en est-il exactement ?

Christian Kerangall : En effet, vous connaissez ma position sur la pérennité des affaires, la loyauté, la défense des intérêts de la Patrie. Même si cela peut déplaire, il n’en demeure pas moins que la dernière et unique interview que j’ai consentie a eu un impact appréciable. Je reste totalement libre pour répondre à vos questions, notamment sur des aspects qui me tiennent à cœur.

Mais, il n'est quand même pas de coutume pour un homme discret et réservé que vous vous exprimez dans la presse pour donner votre position sur un quelconque sujet. Pouvez-vous nous en dire plus ? Pourquoi l'avoir fait maintenant ?

C’est pour éviter qu’il ne soit dit n’importe quoi, n’importe comment. On est tous très fiers que l’ex-PDG de la BGFI Holding, entreprise que nous avons toujours soutenue et dont nous sommes les actionnaires historiques, ait été appelé à de prestigieuses fonctions, dans l’intérêt du pays. Pour avoir contribué à la réalisation de deux Coupes d’Afrique des nations, je sais ce qu’est l’honneur, la dignité et la fierté de faire en sorte que son pays réussisse, et je souhaite de tout cœur que le nouveau ministre d’État fasse tout pour améliorer la vie de nos compatriotes, donc nous-mêmes...

Soit, que doit-on comprendre pour être plus précis ? Qu'en est-il pour la banque ?

Le renouvellement harmonieux des générations fait partie de la responsabilité des actionnaires qui sont les propriétaires de la société. Il leur appartient de prendre les bonnes décisions pour assurer la continuité des affaires et la poursuite du développement de la banque. Elle peut compter sur un Conseil d’administration et plusieurs comités dont les membres veillent en permanence, sous leur responsabilité civile et pénale, à ce que la gestion et les activités de la banque soient conformes à la réglementation et aux intérêts des actionnaires et, bien sûr, de l’ensemble des parties prenantes.

Il y a quand même des décisions pour le moins surprenantes prises par plusieurs d'entre vous et qui suscitent des incompréhensions quand on sait votre poids au sein de ladite holding. Pourquoi alors avoir voté contre l’introduction en bourse lors de l’assemblée générale extraordinaire du 25 juin dernier ?

Il y a eu un " cafouillage " lors du dépouillement des votes, dont je ne sais s’il était prémédité ou non. Toujours est-il que les votes de certains actionnaires n’ont pas été correctement retranscrits et que s’il en avait été autrement, le vote sur l’introduction en bourse aurait été rejeté. Désormais, je ne peux vous en dire plus car le sujet est entre les mains de la justice gabonaise, puisqu’un groupe d’actionnaires, dont je fais partie, a introduit une action aux fins de rectification du vote au motif que la minorité de blocage a voté contre. A ma connaissance, préalablement à ces procédures qu’il faut regretter, un certain nombre d’actionnaires avaient adressé des lettres de réclamation à la banque sans obtenir de réponse. Ils ont introduit une autre action devant la justice gabonaise afin de demander la suspension de l’introduction en bourse. Nous attendons sereinement que la justice se prononce sur ces deux questions, mais un fait est là, il est incontournable : des votes n’ont pas été pris en compte et si les choses restaient en l’état, ce serait une violation de leurs droits.

A vous entendre, il apparaît clairement que certaines décisions ont déplu, du moins, à ceux ayant voté contre. Pourquoi vous êtesvous opposé à cette introduction en bourse ?

Tout simplement par le fait que plusieurs événements importants internes méritaient une considération prioritaire : départ du P-DG historique et changement de gouvernance à la tête du groupe, comme l’exige la C OBAC depuis longtemps. Donc, beaucoup ont estimé qu’il fallait donner du temps au temps et stabiliser la nouvelle équipe qui, après un audit de césure, et une connaissance de la situation, appréciera de procéder ou non à une introduction en bourse...

Plus clairement...

J’insiste et me répète, on doit préserver la pérennité de l’établissement et les actionnaires responsables doivent avoir ce souci en permanence à l’esprit. C’est la philosophie de notre groupe Sogafric, présent depuis 67 ans, où trois générations se sont succédé. Le groupe, dont le siège est à Libreville, est aujourd’hui implanté dans 12 pays. La question de la pérennité, on connaît. J’ai été P-DG pendant trois septennats et si l’entreprise a prospéré c’est grâce à ses clients qui font confiance à la technicité et au sérieux du personnel. C’est grâce à l’adhésion de tout ce personnel, à la philosophie de leur entreprise que ses dirigeants ont le plaisir de les diriger. Un patron n’est qu’une personne de passage. Dans le cas de la banque, on parle de près de 3 000 personnes qui représentent un capital humain et qui se renouvelle comme les cellules du corps humain. C’est un principe de la vie. Savez-vous que toutes vos cellules ont changé tous les 7 ans et pourtant vous êtes toujours le même ? La banque est un instrument puissant qui mérite une attention permanente et responsable. Il n’y a pas de combat ou de lutte dans ce refus de l’IPO, mais uniquement des questions de principe, de méthode et, surtout d’éthique, voire de loyauté envers le passé.

Quoi qu'étant à la retraite, si l'on puis dire, vous n'êtes pas moins un observateur de la vie de la Nation, que pensez-vous de la situation actuelle du pays ?

Parlons-en. Il y a eu le Coup de libération du 30 août 2023, il y a presque deux ans. Notre ancien président lui-même a transmis un message subliminal lors de son meeting de campagne en août 2023. De mémoire, " depuis 2018, ce n’est pas moi qui dirige ". C’est dans le même esprit que lorsque Omar a dit " Dieu nous regarde… ", vous connaissez la suite. J’ai apprécié qu'Ali, gravement malade, soit préservé des conséquences de l’événement. J’ai surtout apprécié qu’il n’y ait eu aucune effusion de sang et que la vie ait repris son cours, et qu’une transition paisible ait eu lieu. Maintenant, il faut que tout le monde se mette au travail pour bâtir, et il n’y a pas de petits métiers pour réussir. Sinon le nouveau président de la République connaîtra les mêmes difficultés que ses prédécesseurs. Il sait, par son histoire, ce qu’il ne faut pas faire. Aidons-le tous à faire et réussir ce qu’il faut faire. Ce pour dire qu'aujourd'hui, à la différence de la période de Transition, jouissant d'une légitimé populaire incontestable depuis l'élection présidentielle, sur des problèmes touchant, par exemple, à la vie des Gabonais, notamment, la situation de la SEEG, la CNSS, la CNAMGS et autres, il est dorénavant à même de prendre les mesures qui s'imposent pour le bien de la collectivité sans être taxé de dirigiste.

 

 

 

 

 

 

random pub

Publicom
Abonnement Annuel L'Union
Abonnement Kiosque
Logo