Ils ont officiellement été nommés en Conseil des ministres du 20 mars 2024, conformément au décret n° 0003/PR/MESRSTTENFC du 11 janvier 2021 portant réorganisation de l’Agence nationale des bourses du Gabon (ANBG).
Ils, ce sont les délégués intérieurs (chef de délégation, responsable de la scolarité, responsable financier et comptable) et extérieurs (conseillers académiques ou chargés du suivi de la gestion des bourses) de l'ANBG avec pour ambition de faire réaliser à l’État d’importantes économies, en réduisant les coûts autrefois liés aux prestations d’organismes étrangers.
Parmi leurs responsabilités : faciliter l’accès à l’information sur les critères d’attribution des bourses, adapter les politiques aux réalités locales, assurer un suivi rigoureux pour éviter fraudes et abandons, et alléger la charge administrative du siège de l’ANBG en traitant certaines demandes sur le terrain. En somme, fluidifier la gestion des aides financières aux étudiants et garantir plus d’équité et d’efficacité dans l’attribution et le suivi des bourses.
Leur nomination tombait donc sous le sens pour réformer l'ANBG afin de rendre cet organisme plus performant. Seulement, 14 mois après leur prise de fonction, ces agents déplorent n’avoir perçu aucun salaire. Pis, ils dénoncent un traitement inégal au sein même de l’ANBG.
" Certains reçoivent leurs salaires, et primes afférentes à leurs fonctions régulièrement tandis que d'autres sont privés de rémunération depuis cette période", souligne le procès-verbal de leur assemblée générale constitutive d’un collectif visant à faire valoir leurs droits.
Comment en est-on arrivé là ? Difficile à dire. Mais les documents empilés et transmis à L’Union par le collectif font état de multiples démarches administratives : courriers adressés aux autorités compétentes, avec ampliation à la présidence de la République, alertes répétées sur leur situation… En vain.
Des rallonges budgétaires ont même été octroyées. La première, d'un montant de 762 563 917 FCFA en juin 2024. La seconde d'une valeur d'un milliard en septembre 2024. Et, une autre évaluée à plus de 292 millions.
"(…) Les fonds alloués ont été redirigés vers d'autres usages, laissant 34 familles gabonaises dans une situation de dépendance sans précédent '', écrit encore le collectif dans une lettre adressée au directeur de l'ANBG en date du 30 avril 2025. Et ce, malgré des réunions de concertation sur la situation salariale qui concluaient de payer leurs émoluments.
Si donc des fonds ont été alloués, pourquoi n'ont-ils pas contribué à résorber cette situation ? La réponse est à chercher dans le fait que " le texte autorisant leur rémunération n’existe pas, quand bien même ces compatriotes sont à leurs postes."
Aurait-on mis la charrue devant les bœufs ? Aurait-on procédé aux nominations sans s’assurer de la mise en place du cadre réglementaire ? Une précipitation administrative ? Un manque de coordination entre les organes décisionnels et juridiques ? Toujours est-il que "l'absence de rémunération… impacte notre quotidien, notre bien-être et notre dignité", dénonce encore le Collectif.
Un drame humain de nature à mettre en péril la réforme voulue de l'ANBG et, partant, tout le système y relatif. Car si la bourse est de retour au secondaire, au supérieur, aussi bien au niveau national qu’à l’international, les retards dans leur traitement et leur versement restent criants.
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