Ce mercredi, les images de bulldozers détruisant des habitations illégalement érigées sur des remblais dans la mangrove de Mindoubé ont suscité à la fois satisfaction et indignation. Satisfaction de voir enfin une réaction ferme des autorités. Indignation, parce que cette situation n’est pas née en un jour. Pendant des années, des individus ont pu morceler, remblayer et occuper une zone pourtant classée et protégée, sans que cela n’émeuve outre mesure l’appareil administratif censé veiller à son intégrité.
Cette opération spectaculaire, aussi médiatisée soit-elle, agit comme un cache-misère. Elle révèle crûment l’absence de contrôle, de suivi et de réactivité des services compétents. Où étaient les missions de terrain ? Où étaient les inspections environnementales régulières censées détecter les premiers remblais, les premières habitations ? Comment expliquer que des portails aient pu être érigés, des constructions sorties de terre, sans aucune alerte formelle des agents de l’État ?
Les ONG et associations environnementales, elles, ont pourtant tiré la sonnette d’alarme à plusieurs reprises. Alertes restées lettre morte. Soit ignorées, soit minimisées par une administration environnementale visiblement désarmée, voire complaisante. Ce manque d’anticipation et de coordination entre les différentes directions concernées — Environnement, Urbanisme, Cadastre — interroge profondément sur la gouvernance de nos écosystèmes sensibles.
À Mindoubé, comme ailleurs à Libreville, la réalité est brutale : ce n’est pas faute d’avoir su, mais faute d’avoir agi. Tant que les inspections resteront exceptionnelles, tant que les rapports resteront dans les tiroirs et que les décisions seront dictées par l’émotion du moment, la mangrove — et d’autres zones fragiles — restera vulnérable.
Plus qu’une opération coup de poing, il faut aujourd’hui une réforme de fond : celle d’une administration environnementale qui ne se contente plus d’exister, mais qui exerce pleinement sa mission de veille et de protection.
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