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Politique

[Editorial] - Leçons électorales !

Lin-Joël Ndembet, Directeur de Publication et Rédaction à L’Union © Malkolm Minkoh

Trois mois après sa création, ce jeune parti, constitué d’ex-figures de proue de la vie politique gabonaise reconverties en "Bâtisseurs", de nouveaux visages et des membres de la société civile, s’impose comme la principale force politique du pays. Il contrôlera désormais le Parlement et l’essentiel des conseils locaux.

Rien de bien nouveau sous l’Équateur, diront certains qui s'y attendaient. Le contraire aurait surpris et apparaîtrait alors comme une première en Afrique pour un parti présidentiel. Cependant, un fait marquant demeure au vu des deux tours : le refus de mourir du Parti démocratique gabonais (PDG), certes relégué loin derrière dans les travées du palais Léon-Mba avec 16 sièges (!?). Malgré le séisme politique du 30 août 2023, l’ex-parti au pouvoir, pourtant frappé de plein fouet le 27 septembre dernier par le puissant tsunami électoral, n’a pas totalement sombré, puisqu'il a réussi à sortir des décombres du cataclysme quelques survivants.

La question qui se pose est celle de savoir quel sera son positionnement sur l'échiquier politique, avec les blessures encore béantes des joutes électorales de nombreux de ses cadres, militants et partisans. Il a le choix entre une opposition constructive et la signature d’un partenariat avec la nouvelle majorité. Les analystes sceptiques redoutent plutôt la reproduction d’un Parlement "godillot".

Tel que vécu dans les précédentes législatures où le PDG dominait sans réel contrepoids. À l’exception de la 8e législature intervenue après l'adoption du multipartisme qui a marqué les esprits par la qualité du débat parlementaire, la force des motions et interpellations sur des sujets d'importance touchant à la vie de la Nation, il n'est pas certain qu'on la revive. En raison non seulement du poids de l'UDB mais aussi de la particularité du régime présidentiel approuvé par les Gabonais.

Toutefois, cette séquence électorale laisse ouverte la porte d'entrée à l'Assemblée nationale de quelques partis. Mais à quel prix ? Beaucoup pourraient être tentés par une fusion ou une absorption dans l’UDB, au risque de raviver le spectre du parti unique. Ce scénario alimente déjà certaines inquiétudes : la jeune Ve République ne peut se permettre un recul démocratique après plus de 30 ans d'expérience multipartite. Or, la diversité politique doit rester un pilier, tout comme le débat parlementaire. Faute de quoi, la rue et les réseaux sociaux pourraient à nouveau devenir les principaux espaces d’opposition.

Ce que d’aucuns ne souhaitent pas, à la lumière des nombreux défis économiques et sociaux auxquels le pays doit faire face dans les années à venir. Si des réponses ne sont pas apportées, le risque est grand que le socle social, neutralisé ici et là depuis le 30 août 2023, en soit fragilisé.

Ce scrutin aura donc été une étape charnière. Il a montré qu’un renouveau est possible, mais pas encore consolidé. Il appartient désormais aux institutions, aux partis et aux citoyens d’en tirer toutes les leçons, pour qu’en 2026, l’élection ne soit plus perçue comme une épreuve à haut risque pour l'ensemble des acteurs, mais comme une célébration de la démocratie retrouvée. Tel est, in fine, le rêve de tous les Gabonais.

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