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Faits divers & Justice

Conflit foncier au Cap-Estérias : les dessous de l'affaire Thiam

Les deux mis en cause belliqueux en garde à vue à la PJ.

L'affaire Thiam, un imbroglio foncier aux ramifications troubles, secoue la toile ces derniers jours. Au coeur du scandale, un promoteur immobilier sénégalais, Thiam Chiekou, et son neveu, Nzue Thiam Chiekou, en garde à vue depuis dimanche pour des faits de violences et d’usurpation de terres. Aussi, leur arrestation fait-elle suite à une confrontation armée ayant occasionné des blessures sur un Gabonais, cristallisant un conflit latent et révélant des pratiques opaques au sein de l’administration de l'Urbanisme et du Cadastre.

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À LIRE : Cap-Esterias : au cœur d'un litige foncier, un Sénégalais fracasse le crâne d'un activiste à l'aide d'une hache

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L’affaire, qui préoccupe les autorités, a contraint le ministre de l’Habitat, Ludovic Menie, à se rendre sur les lieux. Ainsi, le membre du gouvernement a condamné les violences et, fait notable, a publiquement mis en doute l’authenticité des documents présentés par le Sénégalais pour justifier son droit d'occupation sur ce terrain.

Nos investigations révèlent que ce conflit puise ses racines en 2014. Un certain Christian Nkare, se prétendant fils et mandataire de feu Pevet, responsable dudit village, une filiation contestée par la famille, aurait trafiqué des actes fonciers. Après avoir appris que le défunt avait vendu un premier terrain, il en aurait frauduleusement inclus d’autres, appartenant à la communauté familiale, pour les vendre à Moustapha, un promoteur libanais.

Ce dernier, bien connecté à l’Agence nationale de l’urbanisme, des travaux topographiques et du cadastre (ANUTTC), aurait alors obtenu des documents le désignant comme propriétaire, malgré l’absence de signature des véritables héritiers, rendant la transaction illégale. Face à la résistance farouche des familles et des villageois, Moustapha n'a pas eu d'autre choix que celui de se retirer. C’est alors qu’entre en scène, vers 2021, 2022, son ancien démarcheur, Thiam Chiekou.

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À LIRE : Spoliation et violence : le Sénégalais et son fils dans le collimateur de la justice

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Ce gestionnaire immobilier rachète le terrain et le place au nom de son neveu. Thiam recourt donc à des méthodes musclées pour procéder au déguerpissement des habitants : harcèlement, menaces et travaux forcés, s’appuyant sur de prétendues relations et autres soutiens haut placés au tribunal de Libreville.

Sauf que la situation a explosé récemment, quand un groupe de Gabonais, alertés par une vidéo en ligne, décidera d'intervenir dans ce qui s'apparentait pour eux à une injustice flagrante à l'encontre des primo occupants. Toute chose qui a débouché sur une altercation à la faveur d’une nouvelle tentative d’intimidation de la part de Thiam. Mais l'un des médiateurs recevra un coup de hache porté par le neveu du promoteur immobilier aux allures belliqueuses.

Au-delà des violences, la police devrait aussi enquêter sur l’origine des documents frauduleux et sur d’éventuelles complicités au sein de l’ANUTTC et de l’administration de l’Habitat. Le scandale est d’autant plus retentissant que le terrain ancestral disposerait déjà d’un titre foncier, anéantissant toute prétention de Thiam. L’affaire expose au grand jour les dérives et les opacités qui minent le secteur foncier gabonais.

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