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Faits divers & Justice

Abandon de foyer : 33 jours de prison pour un père

Palais de Justice de Libreville

Dans son affaire avec le fils, le Ministère public a requis une condamnation de 6 mois d'emprisonnement ferme et une amende de 100 000 francs contre le père. " Pour rappeler au Monsieur ses devoirs familiaux ", avait expliqué le procureur de la République. Ce qui a paru excessif pour Me Mburu-YDjako, le conseil de ce dernier : "Mme le président, dans ses réquisitions, la main du Maître des poursuites a été très lourde contre mon client, en demandant qu'il soit condamné aux peines qu'il a sollicitées..."

Dans sa plaidoirie, l'avocat a d'abord souligné le fait qu'au Gabon c'est le Code pénal français qui est en application, "alors que nous avons nos us et coutumes". Et même dans le cadre de cette loi, "je veux que l'on mette cela dans le plumitif : est-il prévu qu'un enfant de 15 ans vienne témoigner à la barre contre son père, au tribunal correctionnel, comme c'est le cas ?"

De fait, l'adolescent est bien présent à la barre, sauf qu'il ne pipe mot. Ce qui, pour le président de céans, est "un non-témoignage contre son père ". " Parcourez cet auditoire et demandez si les hommes ne disparaissent pas pendant des mois, ils sont chez leurs copines ; et leurs épouses ne portent jamais plainte pour envoyer leurs maris en prison. Mme le président, on ne porte pas plainte contre son époux pour l'envoyer en prison. Si vous le condamnez à une lourde peine pénale, la crise sera insoluble, et ce sera la séparation définitive avec les conséquences que l'on peut facilement imaginer. Ce qui n'est pas l'idéal recherché. Recherchons plutôt l'unité de cette famille... ", défendra le conseil.

L'accusé vit en concubinage depuis 20 ans avec la femme. De leur union sont issus quatre enfants. Mais à la suite d'une crise entre les deux parents qui vivent toujours ensemble, l'homme fait une fugue et disparaît pendant trois semaines pour se réfugier chez son ami. Et voilà la plainte de sa moitié pour abandon du foyer conjugal, infraction punie par l'article 271 du Code pénal. Le Ministère public a relevé que depuis sa disparition, ses enfants n'apprennent plus alors que l'aîné est en classe de première. "Monsieur travaille et est rémunéré, mais il laisse sa famille souffrir. Où va finalement la société ?", s'est indigné en conclusion le procureur. Mais en disparaissant, "il a bien laissé la somme de 180 000 francs à sa concubine, ce qui n'est pas une moindre somme, car mon client n'est pas haut cadre. Combien de fois a-t-on vu ici une Gabonaise porter plainte à son mari jusqu'à solliciter qu'il aille en prison pour abandon de foyer ? En près de 30 ans de carrière d'avocat, je n'ai jamais vu ça."

Il semble que l'avocat ait au moins en partie été suivi par le tribunal qui, lors du délibéré d'hier 10 décembre 2025, a condamné l'accusé à 33 jours d'emprisonnement et à 100 000 frs d'amende.

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