Les emprunts contractés par le gouvernement pour faire face à la pandémie du Covid-19 et relancer l’économie nationale divisent l’opinion, en raison de l’ampleur actuelle de la dette du Gabon. Si les organismes internationaux invitent le gouvernement à la prudence, celui-ci affirme avoir la maîtrise complète du recours à ces financements extérieurs.
Le niveau d’endettement du Gabon, évalué aujourd’hui à 5800 milliards de francs, suscite crainte et inquiétude dans l’opinion nationale et s’invite désormais sur toutes les plates-formes de débat (Assemblée nationale, réseaux sociaux, médias…).
Selon les chiffres officiels, en 4 ans (2014-2018), la dette publique du Gabon a quasiment doublé, passant de 2660 à 5260 milliards de francs. Le Gabon est-il un pays surendetté ? La multiplication des emprunts auprès des bailleurs de fonds est-elle réellement justifiée ? Quelles sont leurs véritables destinations ? Servent-ils à solder d’autres arriérés ou à financer des projets porteurs pour relancer l’économie ? Le gouvernement aura-t-il la capacité de rembourser toutes ces créances sans fragiliser tout le tissu économique du pays ?
La crise du Covid-19, conjuguée à la chute des cours des matières premières et ses conséquences désastreuses sur les économies des pays du monde, n’a pas épargné le Gabon.
À l’instar d’autres pays de la sous-région, l'État gabonais s’est retrouvé à court de ressources suffisantes pour supporter ses charges, faisant de l’emprunt son principal levier pour équilibrer ses comptes. Les appuis multiformes du Fonds monétaire international (FMI), de la Banque africaine de développement (Bad), de la Banque mondiale et d’autres organismes internationaux ont permis, soutient le gouvernement, d’éviter d’aggraver une crise économique marquée par des pertes d’emplois en cascade et des fermetures d’entreprises.
Cependant, l’ardoise s’avère salée : plus de 400 milliards de francs d’emprunts en 6 mois. C’est beaucoup trop pour certains analystes économiques, à l’image de Mays Mouissi, mais peut-être pas assez pour le gouvernement, qui dit avoir élaboré un plan de relance économique avec de grands projets nécessitant de gros capitaux.
Mais la problématique reste la même. Le niveau d’endettement du Gabon inquiète aujourd’hui les principaux bailleurs de fonds, qui invitent le gouvernement à la prudence. Dans un rapport daté du 14 août 2020, le Fonds monétaire international n’a pas caché son inquiétude, en délivrant un message des plus clairs, douchant quelque peu l’optimisme des fonctionnaires du ministère de l’Économie.
Maxime Serge MIHINDOU
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