Guy Rossatanga-Rignault – appuyé par Marie-Madeleine Mborantsuo en tant qu'agent de notre pays – en a ainsi fait le point, indiquant que "cet arrêt est l'aboutissement, provisoire, d'un litige qui oppose les deux pays depuis plus de 50 ans". Et la Cour était chargée essentiellement de se prononcer sur la validité en droit des titres juridiques, traités et conventions invoqués par les deux pays, dans le cadre du différend sur la délimitation de leurs frontières maritimes et terrestres communes, ainsi que la souveraineté sur l'île Mbanié et les îlots Cocotiers et Conga.
"Pour le Gabon, il s'agit de la Convention sur la délimitation des possessions françaises et espagnoles dans l'Afrique occidentale, sur la côte du Sahara et sur la côte du Golfe de Guinée signée à Paris, le 27 juin 1900. Mais aussi la Convention délimitant les frontières terrestres et maritimes du Gabon et de la Guinée équatoriale signée à Bata, le 12 septembre 1974. Et, pour cet État, il s'agit du texte premièrement cité", a souligné M. Rossatanga-Rignault.
Quelle interprétation la CIJ en a-t-elle fait ? Pour l'ancien secrétaire général à la présidence de la République, cette instance a estimé, sur la frontière maritime, qu'aucun titre ne faisait droit en la matière. "À partir du moment où la CIJ ne reconnaît pas la Convention de Bata qui avait fixé cette frontière, il n'en existe pas au niveau maritime entre les deux États. Ceux-ci doivent négocier pour en fixer une, conformément au droit international en vigueur", a indiqué Guy Rossatanga-Rignault.
Sur les trois territoires insulaires, "contrairement à ce qui se dit ici et là", la Cour ne s'est pas fondée sur un texte colonial pour accorder leur souveraineté à la Guinée équatoriale, a-t-il assuré. Non sans en donner les détails au chef de l'État. Poursuivant son compte rendu, il a expliqué que s'agissant de la frontière terrestre, la juridiction internationale a conclu, "en dépit de centaines de preuves documentaires fournies par le Gabon", que la Convention paraphée à Bata n'est guère un titre juridique au sens du premier article du compromis faisant droit dans les relations entre le Gabon et la Guinée équatoriale.
"Si nous sommes tenus de respecter la Cour, rien ne nous oblige à mentir car, comme je l'ai dit lors des audiences, nous savons que nos frères de Guinée équatoriale savent que nous savons qu'ils savent que cette Convention de Bata a été signée le 12 septembre 1974", a-t-il déclaré ensuite. Une déclaration pleine de sens, qui semble souligner que Malabo fait preuve de mauvaise foi en contestant les accords passés entre les défunts Omar Bongo Ondimba et Macias Nguema.
Cela dit, nul besoin pour le Gabon de mettre à mal les relations historiques entre les deux Nations. Cependant, puisqu'il faut appliquer la récente décision de la CIJ, il est indispensable de repartir au dernier alinéa du quatrième article de la Convention franco-espagnole de Paris de 1900.
CONSÉQUENCES •
Cet alinéa dispose que "la ligne de démarcation sera formée par ledit méridien 9° Est de Paris jusqu'à sa rencontre avec la frontière méridionale de la colonie allemande du Cameroun". En clair, il faut repartir aux frontières coloniales qui contraignent alors la Guinée équatoriale à céder au Gabon 375 m2 de territoire. De même, Libreville doit céder une portion au nord de Medouneu.
Les conséquences sont désormais connues. Les deux parties doivent les assumer. Auquel cas, elles doivent absolument s'asseoir autour d'une table pour en discuter en toute honnêteté. Et conclure des accords qui ne lèsent personne.
En attendant dorénavant la suite de ce dossier, le président Brice Clotaire Oligui Nguema continue d'agir en toute sagesse, en défendant les intérêts du Gabon. À en croire diverses sources, le numéro un gabonais repartirait aux fondements de la sagesse africaine et aux principes fondateurs des relations entre le Gabon et la Guinée équatoriale. Ainsi, Brice Clotaire Oligui Nguema envisagerait-il de se rendre prochainement à Malabo pour rencontrer son homologue Teodoro Obiang Nguema Mbasogo.
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