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Sport

Tennis/Christophe Couprie : " Le sport permet aux jeunes de rêver "

Christophe Couprie. ‘’ Il faut institutionnaliser et financer la pratique du sport le plus tôt possible à l’école.’’ © DR

• L'Union : Avant de faire partie de l'encadrement technique de la plus prestigieuse structure de formation en tennis basée en France, quel a été votre che- minement ?

Christophe Couprie. Je suis en effet depuis 2019 coach dans la Section Pro Team de la Patrick Mouratoglou Academy, écurie de tennis numéro un en Europe et fondée par celui qui est no- tamment ancien entraîneur de Serena Williams et entraîneur actuel de Naomi Osaka. Mais on me connaît au Gabon comme un ancien joueur de tennis pro- fessionnel. J’ai joué sur circuit en Afrique, en France et aux États-Unis. Notamment sous les couleurs de mon pays que j’ai représenté deux fois à la Coupe Davis en 2001 et 2003 et aux Jeux africains de 2003. Diplômé d’État de la Fédération française de ten- nis, j’ai exercé comme coach dans plusieurs académies. Notamment celle du Chambon-sur-Lignon et à la Ligue de tennis du Val d’Oise pendant respectivement dix et cinq ans.

Avez-vous déjà eu des sollici- tations gabonaises afin d'aider à intégrer votre académie ac- tuelle ?

Du Gabon non. En revanche, d’autres pays oui et très souvent. Il faut savoir qu’intégrer la Moura- toglou Academy demande d’avoir un excellent niveau de jeu et de bonnes aptitudes physiques, tech- niques et mentales. Nous sommes capables de voir le potentiel des jeunes joueurs sur une vidéo. Ils peuvent ensuite être invités à faire une semaine test à l’académie en vue de déterminer si oui ou non on peut les intégrer au programme sport-études ou dans la section pro, selon leur âge et niveau.

Notre jeune compatriote Darlin Christopher Koumba a passé plusieurs mois dans votre aca- démie. Est-ce une déception de ne pas l'avoir vu continuer à progresser chez vous ?

Nono (NDLR : le surnom du joueur) a énormément travaillé et beaucoup évolué avec son en- traîneur ces dernières années au sein de l’académie. Depuis le début de l’année, il n’a malheureusement pas été en mesure d’y revenir pour des raisons financières dont je ne connais pas les détails. C’est dommage, car c’est un bel espoir pour le tennis gabonais qui, faute de moyens et de soutiens, risque de ne pas passer les prochaines étapes pour accéder au haut ni- veau. C’est d’autant plus triste quand on sait que mon ambition et celle de Patrick Mouratoglou, est de faire entrer un Africain, et pourquoi pas un Gabonais, dans le top 100 mondial dans quelques années.

Vous étiez de passage au pays il y a quelques mois. Quel regard portez-vous sur l'évolution du tennis gabonais ?

Lorsque l'on voit des académies et tournois ITF Junior et Challenger éclore sur le continent, notamment au Rwanda, en RD Congo ou en Côte d’Ivoire, lorsque je discute avec le président de la Fédération béninoise de tennis, qui est également le président la Confédération africaine de tennis, du projet d’ouverture de la plus grande académie de ten- nis en Afrique subsaharienne à Ouidah, lorsqu’on visite l’aca- démie OTA à Douala créée par feu Joseph Oyeboc ou la Tennis Rwanda Children’s Foundation de Joseline Umulisa à Kigali, on se rend compte du retard accusé par le Gabon dans la promotion, la détection et la formation de ses talents. Il faut des filières de formation, des coachs, des pré- parateurs physiques, des kinés du sport, des infrastructures et des tournois pour professionnaliser la pratique du sport. Ce dernier peut être un levier de développe- ment économique et social majeur sur le continent et au Gabon, en particulier. Ceux qui gouvernent doivent comprendre le ''game'', pour parler sportivement, mais aussi les enjeux économiques der- rière, les données sur qui pratique et consomme le sport, quand, où et comment. De plus, il faut pro- fessionnaliser la fonction de gou- vernants du sport en séparant les fonctions et rôles pour éviter les conflits d’intérêt. L’ancien joueur et coach que je suis ne peut s’em- pêcher de rappeler aussi que le sport permet aux jeunes de rêver, de se révéler, de se surpasser et de développer un mental qui servira le sportif et le citoyen de demain qu’ils sont appelés à devenir. C’est pourquoi il faut institutionna- liser et financer la pratique du sport le plus tôt possible à l’école. Je garde toutefois bon espoir que les nouvelles autorités en place au Gabon veuillent utiliser le sport, et pas seulement le tennis, pour faire éclore des talents par milliers dans le pays.

Marc Alexandre Doumba a entre autres été votre parte- naire en sélection. Aujourd'hui, certes dans un autre domaine, il est au service de la Nation. Son exemple ne pourrait-il pas vous inspirer ?

J’ai eu le plaisir de jouer avec à lui à de nombreuses reprises et nous avons été dans la même acadé- mie en Floride, aux Etats-Unis, au début des années 2000. Il me semble qu’il est revenu au pays parce qu’on est allé le chercher et je suis très heureux de voir à quel point il contribue à l’attrac- tivité économique du Gabon. Lui, moi, comme de nombreux autres Gabonais de la diaspora avons beaucoup à apporter au pays. Bien évidemment, si cela m’était demandé, je serais ravi d’apporter ma pierre à l’édifice.

Et pour clore notre entretien ?

Mon mot de fin sera : parions sur le sport. À l’heure où notre pays est dans une période de grands chantiers, il ne faut pas lésiner sur le sport. Car, comme la culture, les arts ou le tourisme, il parti- cipe au rayonnement d’une na- tion. Si je prends le seul exemple de notre voisin, le Cameroun, Yannick Noah, Roger Milla, Sa- muel Eto'o, Francis Ngannou, Cédric Doumbe, Pascal Siakam et même Kylian Mbappé sont des porte-étendards qui font briller ce pays au-delà des frontières. Il nous faut donc une politique générale pour obtenir des successeurs à Pierre-Emerick Aubameyang et Anthony Obame en plus grand nombre.

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