L'article 42 du projet de nouvelle constitution gabonaise, limitant le mandat présidentiel à deux mandes de sept ans, constitue une innovation majeure. Cette disposition, gravée dans le marbre par l'article 169, vise à prévenir l'invincibilité des dirigeants et la corruption inhérente au pouvoir absolu. L'inspiration des "grandes démocraties", clairement affichée, témoigne de la volonté de rompre avec un passé marqué par la longévité au pouvoir.
Pourtant, l'histoire politique du continent africain est émaillée de "révisions constitutionnelles" opportunistes vidant de leur substance les limitations de mandats. Le cas du Gabon soulève donc des inquiétudes légitimes quant à la solidité réelle de ce nouveau garde-fou démocratique.
L'absence de garanties absolues au niveau parlementaire, susceptible de servir les intérêts d'un nouveau régime, est au cœur des préoccupations. Le politologue Jean Delors Biyoghe Bi Ntougou souligne la responsabilité du peuple gabonais, appelé à "s'approprier sa constitution" et faire barrage à toute tentative de révision. L'émergence d'une société civile forte et vigilante apparaît comme un rempart indispensable.
Au-delà du cas spécifique des articles 42 et 169, c'est la question de la qualité du futur Parlement qui se pose. Le Gabon a besoin de représentants dévoués à l'intérêt général, capables de résister à la corruption et de garantir le respect de la loi fondamentale.
La limitation des mandats présidentiels, véritable avancée démocratique, reste fragile. Sa pérennité dépendra de la mobilisation citoyenne, d'un Parlement responsable et d'une société civile forte, seuls remparts face aux appétits du pouvoir.
Politique