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Enquête

Makokou : l'extraction de sable comme moyen de vaincre l'oisiveté

Makokou : l'extraction de sable comme moyen de vaincre l'oisiveté

LOUA-LOUA est un quartier du 2e arrondissement de la commune de Makokou. Dans ce quartier situé à 7 km du centreville, en aval de la rivière Ivindo, les vacances scolaires sont rythmées par plusieurs activités qui occupent les jeunes. Et alors que certains d'entre eux sont embarqués dans des cérémonies de circoncision et autres compétitions sportives, d’autres par contre consacrent leurs journées à la débrouillardise en pratiquant notamment la chasse, la pêche et la vente de sable.

Ceux-là, vous vous en doutez bien, ont choisi de se faire un peu d'argent pour préparer la prochaine rentrée des classes. Pour le cas des élèves, car ici il n'y a pas que les apprenants Mais venons-en à la vente de sable. Cette activité est d'ailleurs de loin la plus organisée que les autres, car pratiquée par un collectif de jeunes sur la berge de Loua-Loua. Surplace, deux d'entre eux, Steeve et Alain, pelles en main, s'affairent à décharger le sable d'une pirogue. Mais déjà, plusieurs tas sont formés sur la rive et attendent désespérément la clientèle.

Mais, comment ces jeunes fontils pour recueillir cette matière solide granulaire du fond de l'Ivindo, quand on sait ce qu'il y a comme difficultés occasionnées par le courant d'eau et les risques possibles de noyade ? Alain explique : "Il faut seulement être courageux pour résister un peu plus longtemps dans l'eau. Avant de plonger et recueillir du sable, je me sers d'une corde dont j'attache solidement un bout à un caillou et l'autre bout autour des reins. Ensuite je descends progressivement avec un récipient qui me permet de prendre du sable dans l'eau et de remonter avec pour le déverser dans la pirogue".

Une explication qui peut paraître difficile à comprendre, mais le jeune homme persiste et signe : "Ce n'est que de cette façon que nous procédons. Il n'y a pas une autre pour le faire". Alain ajoute que “pour avoir une bonne quantité de sable dans la pirogue, il faut faire au moins 15 tours dans l'eau. Nous sommes donc obligés de nous relayer, car une seule personne ne peut pas le faire". C'est dire que ces jeunes effectuent un travail qui nécessite prudence,  patience et beaucoup d'énergie.

"Il faut véritablement de l'endurance”, suggère Steeve. Ce dernier explique que l'activité d'extraction de sable est moins exigeante en saison sèche qu'en saison pluvieuse à cause de la décrue. "Nous travaillons plus facilement en saison sèche, et c'est à cette période-là que notre chiffre d’affaires augmente”, confie-t-il. C'est d'ailleurs à travers lui que l'on apprend que l'activité est interdite aux élèves pendant l'année scolaire.

Ces petits "entrepreneurs" dont l'activité n'est pas encadrée, disent subir tout de même les prix imposés par leurs clients. "Il y a des moments où nous sommes contraints de vendre le tas à moins de 30 000 francs, car nos clients disent que les tas ne sont pas consistants. Puisque nous sommes dans le besoin et ce sont nos clients, nous faisons avec”, explique Steeve.

 

Charly NYAMANGOY BOTOUNOU

Libreville/Gabon 

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