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Politique

Hermann Immongault : "Tout est réuni pour un scrutin exemplaire "

Ministre de l'Intérieur et de la Sécurité Hermann Immongault

Ministre de l'Intérieur et de la Sécurité Hermann Immongault © Minkoh Malkolm

L'Union : M. Le ministre, les Gabonais se rendent aux urnes ce samedi. Dans quel état d'esprit abordez-vous cette échéance ?

Hermann Immongault : S'agissant de l'état d'esprit qui nous anime au moment de démarrer l'élection du président de la Ré-publique, nous pouvons dire que nous sommes confiants et fins prêts à relever le défi d'un scrutin libre et transparent. Nous avons coché toutes les cases du point de vue des tâches pré électorales. Les commissions électorales sont en place, le matériel électoral a été convoyé à temps. Les cartes d'électeurs sont en cours de distribution. Tout est réuni pour un scrutin exemplaire.

Serein et confiant, donc ?

Oui. Serein dans le niveau de préparation auquel nous sommes parvenus. Nous avons derrière nous de nombreux mois de préparation qui ont vu l'aboutissement d'importants dossiers. Je pense notamment à la systématisation du Numéro d'identification personnelle (NIP), à l'établissement de la Carte nationale d'identité électronique (CNIE), aux révisions de la liste électorale avec la grande innovation de leur consultation en ligne et une plus grande sécurisation, à l'organisation du référendum constitutionnel, à l'adoption du nouveau Code électoral avec la prise en compte des innovations qu'il introduit sur le fichier électoral. 

Confiant parce qu'à chacune de ces étapes, nous avons éprouvé notre capacité à travailler en équipe, d'abord au sein du ministère de l'Intérieur (et j'en profite pour saluer le professionnalisme et le sens de l'engagement de l'ensemble de son personnel), puis avec d'autres départements ministériels. Nous avons aussi appris et tiré les enseignements de nos hésitations, de nos interrogations, en mettant un soin particulier à prendre en compte les éléments de satisfaction et d'insatisfaction des populations de manière directe ou à travers la presse. Donc oui, nous sommes sereins et confiants au moment d'aborder le scrutin du 12 avril prochain.

Votre sentiment sur cette campagne électorale qui s'achève dans quelques heures ?

En notre capacité de garant de l'ordre public, le déroulement de cette campagne ne rencontre pas de problèmes majeurs. De manière globale, les principales dispositions du Code électoral sont respectées dans un contexte où il faut trouver un juste milieu entre la nécessité de veiller à la liberté d'expression et celle de s'assurer qu'elle se fait dans les formes convenues.

Le retour du ministère de l'Intérieur dans l'organisation des élections a fait débat, en particulier concernant sa neutralité et son impartialité. Quels gages, quelles garanties pourriez-vous donner à ce sujet à la veille de ce scrutin ?

Le ministère de l'Intérieur organise certes l'élection, mais le Législateur a pris soin de mettre en place des garde-fous pour s'assurer qu'il le fait en respect de l'esprit et de la lettre de la Charte de la Transition, de la Constitution et de la Loi électorale. C'est notamment le cas avec des organes comme la Commission nationale d'organisation et de coordination des élections et du référendum (CNOCER) et l'Autorité de contrôle des élections et du référendum (ACER) qui agit comme le "gendarme" des élections. Elle a pour rôle de veiller à la bonne organisation matérielle des opérations électorales et référendaires, et de proposer les correctifs nécessaires à tout dysfonctionnement constaté. Cette autorité de contrôle s'assure du respect de la loi électorale, notamment la régularité et la sincérité des scrutins en garantissant aux électeurs ainsi qu'aux candidats en présence le libre exercice de leurs droits.

Et au-delà de ces organes ?

Il y a aussi de nombreuses innovations du Code électoral qui renforcent le niveau de transparence et d'intégrité du processus électoral et de la marge d'action du ministère de l'Intérieur. C'est le cas avec l'affichage des procès-verbaux des opérations électorales, une fois que les résultats sont annoncés publiquement à la fin du scrutin. Cet affichage se fera désormais dans chaque bureau de vote et dans chaque commission de centralisation des résultats (district, arrondissement, commune, département, province, poste consulaire). C'est également le cas avec l'observation des opérations électorales et référendaires : la présence des observateurs est tolérée dans les bureaux de vote, avec limitation de temps.

Quelles sont les remontées de terrain, en termes d'hommes et de logistique? Les Gabonais peuvent-ils être rassurés quant au déroulement d'un scrutin sans dysfonctionnements majeurs ?

Toutes les Commissions électorales tant locales que consulaires sont en place et disposent déjà de tout le matériel nécessaire à l'administration du scrutin du 12 avril. Ce sont au total 88 commissions locales et 25 commissions consulaires, avec au total 3 037 bureaux de vote mobilisant 18 222 scrutateurs, auxquels s'ajoutent les représentants de l'ACER et des candidats. Après la mise à leur disposition de tout le matériel électoral, nous en sommes à la distribution des cartes d’électeurs et à la formation des scrutateurs. La prise en main des centres de vote permet d’apporter les ajustements physiques nécessaires et tout cela se passe relativement bien.

Plusieurs missions d'observation électorale ont manifesté le désir d'être présentes le jour du vote. Où en êtes-vous au niveau des accréditations ?

Le processus d’accréditation est désormais achevé. Il a été conduit avec une exigence particulière par la Commission la Commission spéciale chargée de l'accueil et de l'encadrement des observateurs, dans un esprit de transparence et dans le respect scrupuleux de l'article 126 du Code électoral. Nous avons enregistré un engouement notable, tant au niveau national qu'international. Cependant, tous les dossiers n'ont pu être retenus, les critères d'éligibilité ayant été appliqués avec la plus grande rigueur : expérience démontrée en matière d'observation électorale, capacité opérationnelle à se déployer efficacement sur le terrain, solidité logistique et engagement au respect du cadre légal.

Au total, combien en ont été accréditées ?

46 missions ont été accréditées, représentant 2 423 observateurs. Parmi elles, 17 missions internationales (Organisation des Nations unies, Union africaine, Communauté économique des Etats de l'Afrique centrale, Organisation internationale de la Francophonie, Commonwealth, Etats-Unis d'Amérique, Canada, Grande-Bretagne, etc.). À cela s'ajoutent 23 structures nationales, issues de la société civile, ainsi que plusieurs observateurs individuels. Toutes ces missions sont actuellement en cours de déploiement.

A quelles exigences doivent-elles se plier ?

Chaque entité accréditée a signé un Code de bonne conduite et un engagement sur l'honneur, réaffirmant les principes cardinaux de neutralité, d'impartialité et de respect du droit. L'Etat gabonais leur assure protection et liberté de mouvement sur l'ensemble du territoire. Plusieurs délégations ont déjà salué la qualité de l'organisation et la clarté du cadre mis en place, considérant le Gabon comme un référent régional en matière de gouvernance électorale.

Il est important de souligner que l'Etat gabonais garantit à tous les observateurs accrédités la protection ainsi que la liberté de circulation nécessaires à l'exercice de leur mission. Nombre d'entre eux ont dores et déjà salué l'excellence de l'organisation mise en place, considérant le Gabon comme un modèle en matière de bonne gouvernance électorale sur le continent africain.

En novembre dernier, vous avez rendu publics les résultats du référendum avec célérité. Peut-on s'attendre au même scénario à cette présidentielle ?

C'est un pari que nous souhaitons à nouveau relever. La transparence et la célérité dans la proclamation des résultats constituent désormais des piliers fondamentaux de notre dispositif électoral. L'expérience réussie du référendum constitutionnel de novembre dernier a démontré, s'il en était besoin, notre capacité à organiser un scrutin conforme aux délais, aux exigences légales et aux standards démocratiques. Cette même exigence de rigueur et de clarté sera intégralement reconduite à l'occasion de l'élection présidentielle du 12 avril.

Le Code électoral révisé encadre avec précision cette dynamique de transparence. Ses articles 155, 156 et 157 prévoient notamment l'affichage immédiat des résultats dans chaque bureau de vote dès la fin du dépouillement, Les électeurs eux-mêmes pourront consulter ces documents dans leur circonscription des les premières heures suivant le vote, ce qui renforce la lisibilité et l'accessibilité du processus. Aujourd'hui, toutes les conditions sont réunies - sur les plans logistique, technique et humain - pour garantir une proclamation rapide, fidèle et apaisée des résultats.

Comme en novembre, nous veillerons scrupuleusement à ce que chaque étape se déroule dans le respect du droit, dans la transparence, et dans un esprit de responsabilité républicaine.
Car cette exigence de clarté n'est pas seulement une garantie de légitimité démocratique : elle est aussi un gage de stabilité, de cohésion nationale et de paix civile, que nous avons collectivement le devoir de préserver.

Et pour conclure, quel est votre message à l'endroit de vos compatriotes ?

À l'heure où notre pays s'apprête à franchir une nouvelle étape décisive de sa Transition, je voudrais m'inscrire dans le caractère historique de ce tournant. Depuis plusieurs mois, le gouvernement de la Transition travaille avec méthode, dans le respect scrupuleux du chronogramme de la Transition, pour garantir à la Nation un retour apaisé et ordonné à la légitimité démocratique. Le scrutin du 12 avril 2025 n'est pas un simple rendez-vous électoral.

Il est l'aboutissement d'un processus politique inédit dans notre histoire récente, marqué par une volonté affirmée de restaurer les institutions, de reconstruire la confiance citoyenne et de préserver les fondamentaux de notre vivre-ensemble. C'est donc un moment de grande responsabilité pour nous tous. T'appelle chaque Gabonaise et chaque Gabonais à se rendre aux urnes dans le calme, avec discernement et dans un esprit de concorde.

Le vote est un acte civique, mais c'est aussi un geste de foi envers la République, une promesse de fidélité à notre idéal collectif. Plus que jamais, nous devons faire bloc autour de ce qui nous unit : la paix, la stabilité, la solidarité nationale. Dans un monde en proie aux tensions et aux incertitudes, le Gabon a choisi le chemin du dialogue et de la démocratie. A nous de faire de ce choix une force, un exemple et un héritage pour les générations futures.

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