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Politique

[Editorial] - Annulation du vote : la politique avant le droit ?

Lin-Joël Ndembet

Un scrutin incertain, tant par ses résultats que par son organisation. Si des efforts ont été faits pour corriger les irrégularités constatées au premier tour, des doutes persistent. Des voix s’élèvent, de plus en plus nombreuses, pour remettre en cause l’ensemble du processus, allant jusqu’à réclamer son annulation pure et simple. Certaines de ces interpellations ciblent directement le président Brice Clotaire Oligui Nguema, espérant de lui une décision politique d’annulation. Mais en matière électorale, ce n’est pas la politique qui prime. C’est le droit.

La loi gabonaise est sans ambiguïté : l’annulation d’une élection n’est possible que dans des conditions strictes, encadrées par les juridictions compétentes – la Cour constitutionnelle pour les législatives, les Chambres administratives pour les locales. Il faut des preuves solides : fraudes massives, violences, ou violations graves du Code électoral (lire ci-contre). C’est dans ce cadre que six circonscriptions ont déjà vu leur vote annulé. Pour les autres, le débat ne peut être tranché que par les voies légales. Il faut des recours, des preuves, en espérant que les instances chargées de les examiner le fassent avec équité.

Appeler à une annulation générale sans fondement juridique, c’est ouvrir la porte à l’arbitraire. C’est nier les règles du jeu démocratique, quand bien même de nombreux candidats les auraient bafouées, en utilisant tous les stratagèmes pour frauder, corrompre, tricher, jouer finalement contre la volonté présidentielle de rendre la parole au peuple. Ce n’est pas un mauvais score, ni une stratégie politique mal maîtrisée, qui justifie de balayer des élections au nom d’une supposée moralité politique.

Oui, le scrutin du 27 septembre a été imparfait. Oui, des dysfonctionnements ont été relevés, des preuves existent. Mais, c’est justement pour cela qu’il existe des recours. C’est devant les juridictions compétentes que les litiges doivent être portés, pas dans la rue ni sur les réseaux sociaux. Non, il faut user de toutes ces voies légales et dans le respect des procédures pour parvenir à des annulations, in fine des reprises du vote. La loi est claire, elle doit s'imposer.

Si la Ve République veut se construire sur des bases solides, elle ne peut céder à l’émotion ou à la pression. Elle doit faire prévaloir l’État de droit. Et dans ce cas précis, même si de nombreux acteurs espéraient une décision politique, le droit doit l’emporter sur la tentation politique.

Ouverte depuis le 29 septembre dernier, la permanence du greffe de la Cour constitutionnelle a enregistré une trentaine de recours - c’est trop peu- concernant le 1er tour de l'élection législative. Les requérants avaient 10 jours en effet pour saisir la haute juridiction. Cette phase de recours s'est donc achevée ce mercredi 8 octobre 2025 à 18 heures. Les juges constitutionnels disposent de deux mois en principe pour vider le contentieux post-électoral. Mais compte tenu de l'exigence gouvernementale, du calendrier post-électoral et de la dernière phase du processus de la Transition, ce contentieux électoral devrait être vidé dans les délais raisonnables. Et selon la loi gabonaise.

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