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Provinces

Cyrille Lassebi Mvoulabeli : “Quand un enfant dérape, on peut lui accorder une chance pour se reconstruire”

Cyrille Lassebi Mvoulabeli. © DR

- L'Union : Mme la présidente du tribunal, le 12 mai 2025 s'est ouverte à Tchibanga, une session criminelle pour mineurs. Est-ce à dire que votre juridiction dispose d'un tribunal pour enfants ?

- Cyrille Lassebi Mvoulabeli : "Disons oui, bien que cette unité spécialisée de notre juridiction soit en pause depuis l'année dernière du fait que le collègue magistrat qui s'en occupait a été promu doyen des juges d'instruction. Le vide a été comblé. En effet, à mon arrivée ici, j'ai pris une ordonnance pour désigner un juge d'instruction devant s'occuper à part entière des mineurs et un greffier."

- Quelles sont les missions dévolues à cette unité ?

- "Pour cette unité spécialisée, j'ai un vice-président chargé de juger les mineurs. Son rôle est de recevoir les procédures des enfants en conflit avec la loi. D'abord dans un cadre de conciliation où le juge d'instruction des mineurs peut recevoir des procédures via le procureur de la République. Ensuite, il ouvre une information, et lorsqu'il a fini d'instruire, il renvoie le dossier en jugement.

Je tiens à préciser que la Cour criminelle n'intervient que lorsqu'il s'agit des crimes. Tout ce qui est délit et protection de l'enfance, c'est du ressort du juge des mineurs. Pendant les campagnes de sensibilisation, vu qu'on a qu'un seul juge des mineurs, on mobilise souvent toute la juridiction. Dans les établissements scolaires, on s'est rendu compte que c'est par ignorance de la loi que de nombreux jeunes se trouvent en détention. Voilà pourquoi, en ouvrant cette session criminelle, j'ai invité les collègues magistrats à garantir que les enfants devant être jugés le soient dans un souci de protection et d'équité.

Je m'inscris dans l'esprit de la loi portant Code de l'Enfant, qui vise 2 objectifs. Primo, la protection, qui sous-entend que lorsqu'on juge, on doit examiner plusieurs aspects au-delà de la culpabilité. Secundo, le discernement, en s'interrogeant si l'enfant avait toute sa raison et sa conscience lorsqu'il a commis le délit ? De ma petite expérience, j'ai noté que la plupart des enfants qui ont basculé dans la délinquance sont souvent issus de familles monoparentales. Ils veulent, dans ce cas, s'affirmer comme des parents lorsqu'il y a dysfonctionnement à l'intérieur de la cellule familiale."

- Combien de mineurs sont jugés pour cette session ?

- "Cette session criminelle est un peu particulière au vu des dossiers à juger. À la base, c'était 10 dossiers, c'est finalement 8 dont 2 cas de viol, 3 cas d'association de malfaiteurs, un braquage, etc. Quand on voit des enfants âgés de 14 à 16 ans incarcérés, j'ai un pincement au cœur en tant que mère. Pour moi, lorsqu'un enfant dérape, on peut lui accorder une chance de se reconstruire. Voilà pourquoi, lundi dernier, j'ai invité les éducateurs sociaux à continuer les séminaires de sensibilisation et de formation. Les psychologues doivent s'impliquer, parce que certains enfants sont malades intérieurement. "

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