Le 17 octobre, la zone "Interrogation" de l'Université Omar Bongo est en effervescence. Étudiants et habitants des environs affluent pour profiter de la caravane médicale universitaire. Toutefois, à quelques pas de là, devant le pavillon C, un groupe d'étudiants prend un moment pour discuter. L'un d'eux, interrogé par nos reporters, ne cache pas son exaspération : "Jusqu’à présent le campus est vide. Aucun étudiant n’y habite." Une affirmation qui soulève des interrogations sur l'état réel des infrastructures censées accueillir ces futurs résidents.
Derrière ce constat amer, des bruits de marteaux résonnent. Un menuisier s'affaire à la fabrication de meubles, notamment des placards destinés aux chambres d'étudiants. Cependant, ces logements, flambant neufs, restent désespérément inoccupés. Le gardien des lieux, fraîchement sorti d’un déjeuner dans une gargote voisine, lève le voile sur la situation : "Tout est prêt, mais nous n’avons toujours pas d’électricité dans les pavillons." Malgré les équipements livrés — matelas, lits et autres — l'absence d'un raccordement électrique fiable empêche les étudiants de s'installer.
La source d'énergie actuelle, décrite par le vigile, est un bricolage précaire. "Le semblant de courant que vous voyez là provient d'un câble tiré du bâtiment en face. Mais avec ça, on ne peut pas alimenter 200 chambres." Une situation qui semble désespérée, surtout lorsque l'on considère que les infrastructures doivent accueillir plus de 200 étudiants.
L'alimentation en eau pose également problème. Actuellement, deux cuves de 200 litres chacune, reliées à un suppresseur, sont censées suffire pour tout un pavillon. "Avec un tel dispositif, il est évident que nous ne pouvons pas répondre aux besoins hydriques des étudiants," constate un autre étudiant présent sur les lieux. La buanderie, quant à elle, reste dépourvue de robinets, ce qui souligne davantage l’insuffisance des infrastructures.
En inspectant les lieux, il devient évident que le poste transformateur, destiné à alimenter plusieurs pavillons, est hors d'usage. Visiblement victime de vandalisme, il manque des compteurs et des fils électriques, laissant le site dans un état de désolation. La nature a même commencé à reprendre ses droits, recouvrant l'espace d'herbes folles.
Face à cette situation, la direction générale du Centre national des œuvres universitaires (CNOU) assure que des mesures sont en cours pour que le campus puisse accueillir ses premiers résidents. Pourtant, les étudiants, déjà confrontés à des défis académiques majeurs, sont appelés à faire preuve de patience.
"Nous voulons croire que les choses vont s'améliorer," déclare un étudiant, un mélange d'espoir et de scepticisme dans la voix. Mais pour l’instant, les promesses de logement et d'infrastructure restent lettre morte, et la réalité du campus d'Omar Bongo est marquée par l'absence et l'impatience.
Alors que la caravane médicale apporte un certain soulagement à ceux qui viennent y chercher des soins, la question demeure : quand les étudiants pourront-ils réellement appeler ce campus leur maison ? Les réponses tardent à venir, et avec elles, le risque que l'Université Omar Bongo demeure une coquille vide, inoccupée et sous-équipée
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