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Enquête

Base pédagogique de Gamba : le chef et ses collaborateurs à couteaux tirés

Les enseignants de Gamba lors due l'atelier de formation © DR

Autorités administratives et même certains observateurs locaux avertis sont unanimes : il y a un malaise au sein du bassin pédagogique de Gamba, dans le département de Ndougou. Le chef de base pédagogique, Christian Nkoumou, et son personnel enseignant des écoles publiques ne se parlent plus. Ils se regardent en chien de faïence au point où on a l’impression qu’ils n’ont plus les mêmes objectifs éducatifs à atteindre.

Cette mauvaise ambiance est d’autant plus réelle que les deux experts de l’Institut pédagogique national (IPN) envoyés tout dernièrement dans la circonscription scolaire pour y animer l’atelier de formation des enseignants des 4e et 5e années à l’utilisation des nouveaux manuels scolaires de la collection "Super efficace", l’ont eux aussi constatée. Ils ont eu d’ailleurs de la peine à dérouler leurs enseignements dans cette atmosphère morose, entretenue par le conseiller pédagogique et ses collaborateurs.

"Sur tous les visages des participants (encadreur pédagogique et enseignants) à l’atelier de formation, on pouvait observer un sentiment d’animosité et de rejet de l’autre. Les rapports professionnels entre les directeurs d’école, leurs collaborateurs et leur chef hiérarchique ne sont plus au beau fixe et ont pris sérieusement un coup. Une situation assez regrettable qui n’est pas sans conséquences sur la qualité de l’école tant recherchée aujourd’hui par les plus hautes autorités de la République", alerte Rufin Mve, expert formateur de l’IPN.

"C’est à cause du souci de me former et de la présence des experts de l’IPN que je suis venue prendre part à cet atelier. Sinon, je devais rester chez moi, parce que le chef présente un air atypique et ne sait pas créer de l’ambiance professionnelle", a laissé entendre une enseignante. Mais dans ce qui semble être une crise ouverte, les antagonistes s’accusent et se rejettent mutuellement la responsabilité. Le chef de base pédagogique voit, dans le comportement de ses collaborateurs, de l’insubordination et de l’ingratitude, quand ces derniers lui reprochent une kyrielle d’actes déviants et peu orthodoxes.

"Le chef ne sait pas cadrer son leadership. Au lieu de définir une véritable politique de travail et de collaboration, qui devait nous amener à regarder tous dans la même direction et d'exercer en toute harmonie pour atteindre les objectifs communs, relatifs à l’amélioration du travail scolaire des apprenants, il se montre plutôt fourbe, ne supporte pas les orientations et les contradictions. Il manque de clarté dans la gestion financière et de certaines informations officielles. Comme si cela ne suffisait pas, sa collaboration n’est pas franche (...). Vous vous imaginez, Monsieur, à cause de cette mauvaise attitude envers nous, et son manque de clarté, il s’est créé lui-même des problèmes dans la gestion des établissements sous sa tutelle. Aujourd’hui, il a du mal à effectuer de simples visites de classes de peur d'y être mal accueilli. Car certains chargés de cours ne sont pas prêts à collaborer pour la simple raison qu’il est frustrant. Et susceptible de vous causer des problèmes, au lieu de vous être utile", explique un directeur d’école.

Le responsable de la base pédagogique de Gamba totalise aujourd’hui dix ans de fonction dans la localité. Il rejette en bloc tous les griefs portés à son encontre par ses collaborateurs et estime d’ailleurs que ces derniers ne le comprennent plus et qu’ils cherchent plutôt, à tous les coups, à lui mettre les bâtons dans les roues.

"Y compris les directeurs d’école que j’ai nommés. Tous se sont ligués dans l’insubordination", dit-il, déçu du comportement de ses collaborateurs. L’imbroglio s’étant installé, quelques autorités administratives locales ont tenté de concilier les parties. De même que les deux experts formateurs de l’IPN se sont invités à la médiation pour essayer de décrisper l’atmosphère. En vain. Christian Nkoumou se montrant quasiment sourd à toutes les critiques faites sur
son management. Du coup, c’est le statu quo qui n'est guère profitable à personne.

Tant il est vrai qu'exercer les métiers de conseiller pédagogique et d’enseignant exige absolument que l’on soit dans de meilleures dispositions de travail. Que l’environnement professionnel soit dynamique par la qualité des rapports entre les différents acteurs, ce qui garantirait une école de qualité, de développement des compétences des apprenants et de réussite pour tous. Mais à voir ce qu'il se passe actuellement à Gamba, l'on comprend parfaitement que nous sommes loin du compte.

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