Il faut remonter à mars 1974, dans les versions d’essai de L’Union bien avant que le journal ne devienne quotidien en 1975 pour trouver les premières traces de caricature. Le jeu des 7 ou 8 erreurs semblait déjà planter le décor. Cinquante ans plus tard, cette vie du dessin y perdure.
Tout commence avec Laurent Levigot ou pas si vite ! Pour en saisir l’histoire, il faut feuilleter les archives du quotidien national. Jusqu’en décembre 1980, le jeu des erreurs demeure le principal canal par lequel le dessin s’invite dans les pages du journal. Puis, à partir de mars 1984, un certain ''Loys'' consigne ''Les aventures de Magen'', une bande dessinée dont il signe la paternité. En avril de la même année, la patte d’Achka vient égayer les colonnes dédiées de L’Union avec ''Bibeng, l’homme de la rue''.
Il faut ouvrir la parution du 24 avril 1984 pour faire la rencontre de Laurent Levigot qui pose ''Les points sur les I''. Il entraîne ensuite les amateurs de bande dessinée dans ''Le grand retour de Mme Soya'', ''Mimbare, l’esprit justicier'', avant d’introduire le personnage emblématique de Tita Abessolo.
Jusqu’en octobre 2002, Tita Abessolo et sa canne vivront des aventures épiques, inscrivant durablement le personnage dans l’imaginaire des lecteurs. Mais à force de parcours, le héros finit par épuiser son répertoire, du moins se marie-t-il. Un accomplissement qui signe aussi la fin de ses balades. Le temps semble alors venu pour une relève.
Cette relève s’appelle Lybek, de son vrai nom Yvon Landry Bekale. Lybek arrive donc à L’Union comme illustrateur en 2002. Il y devient auteur de bande dessinée à partir de 2004 avec la création des ''Gabonitudes''. Depuis, sa production est quotidienne, faisant de lui l’un des auteurs les plus constants et les plus durables du journal.
Contrairement aux bandes dessinées classiques, centrées sur un héros unique, Lybek opte pour un titre-concept. Les '' Gabonitudes'' explorent les habitudes, les travers et les réalités sociales des Gabonais. Une galerie de personnages, renouvelée chaque jour, dans une liberté créative assumée, sans essoufflement narratif. La bande dessinée devient alors un miroir social, parfois satirique, mais jamais gratuit.
Et Lybek le précise ''les Gabonitudes sont sociales, non moralisatrices''. L’artiste observe la société gabonaise et la restitue avec subtilité, refusant l’étiquette de donneur de leçons. Il assume toutefois une fonction de conscientisation et reconnaît pratiquer une auto-censure réfléchie, conscient des sensibilités locales. Son travail repose sur un équilibre entre liberté d’expression et responsabilité. Pour lui, L’Union a largement contribué à la démocratisation de la bande dessinée au Gabon depuis les années 1970, en offrant un espace régulier aux auteurs locaux. Il en reconnaît le rôle structurant dans la visibilité des créateurs, la professionnalisation du métier et même la protection juridique des oeuvres.
Le caricaturiste revendique par ailleurs un parcours atypique avec une formation technique abandonnée, le refus du salariat classique et le choix, difficile mais assumé, de vivre de l’art. Grâce à L’Union, il a pu sécuriser un revenu, exercer son métier sur la durée et préserver sa liberté artistique.
Lybek ne parle pas encore de retraite, convaincu que la création se poursuit tant que la main et l’oeil répondent. Une bonne nouvelle pour L’Union et ses lecteurs
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