L'Union• La récente visite d’Andrew Forrest, fondateur et président exécutif de Fortescue, qui est déjà solidement implanté au Gabon à travers sa filiale Iron Ivindo, a braqué les projecteurs sur la mine de Belinga. Où en est exactement le projet aujourd’hui ?
-Gilles Nembe : Il est important de le dire avec clarté : le projet Belinga a changé de dimension. Pendant longtemps, Belinga a été un projet dont on parlait beaucoup, mais que l’on ne voyait jamais réellement avancer. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas. Nous sommes désormais dans une phase de structuration industrielle avancée, avec des bases techniques solides. Plus de 160 000 mètres de forage ont été réalisés, ce qui est considérable. Des centaines de scénarios d’exploitation ont été étudiées et les études géologiques, minières, environnementales et sociales ont atteint un niveau de maturité rarement observé au Gabon pour un projet de cette ampleur. La rencontre entre le président de la République Brice Clotaire Oligui Nguema et le Dr Andrew Forrest a marqué un tournant décisif. Le chef de l’État a voulu s’assurer personnellement que Belinga ne soit plus un projet fragmenté, mais bien un projet intégré, pensé de bout en bout : la mine, le rail, le port et l’énergie. C’est cela, la différence majeure aujourd’hui : Belinga n’est plus un gisement isolé, c’est un écosystème industriel complet, inscrit dans une vision nationale de transformation économique.
Combien coûtera réellement le projet Belinga au regard de tout ce qu'il reste encore à faire ?
-Il faut assumer la vérité des chiffres et, surtout, leur signification politique et économique. Le projet Belinga représente un investissement global estimé à environ 10 milliards de dollars américains (soit 5 575 733 520 000 FCFA, NDLR). Ce montant intègre l’ensemble du dispositif industriel : l’exploitation minière, les unités de traitement, le chemin de fer lourd, le port en eau profonde de Kobé-Kobé et le système énergétique intégré. Mais au-delà du chiffre, il faut comprendre ce que finance réellement cet investissement. Nous ne parlons pas uniquement d’une mine. Nous parlons de la création d’un corridor de développement, qui va structurer durablement le nord-est du Gabon, désenclaver des territoires entiers, créer des infrastructures utilisables par l’économie nationale et renforcer la souveraineté industrielle du pays. La vision du président de la République est très claire : le Gabon ne peut plus se contenter de projets à faible portée structurante. Belinga est pensé comme un investissement intergénérationnel. Chaque dollar engagé doit produire des emplois, des compétences, des infrastructures et de la valeur ajoutée locale. C’est en cela que ce projet s’inscrit dans une logique de transformation profonde de notre modèle économique.
Quelles sont les estimations précises des réserves de minerai de fer et la durée d’exploitation ?
-Les données géologiques disponibles aujourd’hui sont parmi les plus solides jamais établies pour un projet minier au Gabon. Les ressources actuellement délimitées sont estimées à environ un milliard de tonnes, avec un potentiel global pouvant atteindre jusqu’à quatre milliards de tonnes, à mesure que l’exploration se poursuit. Ces volumes placent Belinga parmi les plus grands gisements de minerai de fer à haute teneur encore inexploités au monde. À ce niveau de réserves, nous parlons d’une durée d’exploitation qui se projette sur plusieurs décennies, ce qui change fondamentalement la nature du projet. Il ne s’agit pas d’une exploitation ponctuelle, mais d’un pilier durable de l’économie gabonaise. C’est précisément cette perspective de long terme qui justifie l’exigence du chef de l’État en matière de gouvernance, de formation nationale et de transformation locale.
Quelle est la teneur du minerai de Belinga, sa valeur sur le marché et ce qu’il peut générer pour le Gabon ?
-Le minerai de Belinga est reconnu pour sa qualité exceptionnelle. La teneur moyenne est supérieure à 62 % de fer, avec des zones atteignant 65 % Fe, ce qui place Belinga dans le segment haut du marché mondial du minerai de fer. Cette qualité est stratégique. Dans un contexte international marqué par la transition énergétique et la décarbonation de l’industrie sidérurgique, les minerais à haute teneur sont particulièrement recherchés, car ils permettent de réduire les coûts de transformation et les émissions de CO₂. Pour le Gabon, cela signifie trois choses essentielles : des recettes d’exportation importantes et durables, une capacité de négociation renforcée sur les marchés internationaux et, surtout, la possibilité réelle de développer une transformation locale, créatrice de valeur et d’emplois qualifiés. C’est exactement dans cette logique que s’inscrit la vision du président de la République : faire du minerai gabonais un moteur d’industrialisation nationale, et non un simple produit d’exportation brute.
Une task force présidentielle a été mise en place pour corriger certaines lenteurs. De quelle nature sont-elles ?
-Il faut être lucide et responsable. Les lenteurs constatées par le passé ne relevaient pas d’un manque de volonté, mais de la complexité administrative inhérente à un projet transversal, mobilisant plusieurs ministères, des procédures longues et des circuits de validation parfois peu adaptés à l’urgence et à l’ampleur du projet. Le président de la République, Brice Clotaire Oligui Nguema, a fait un choix ré-solument pragmatique. Il veut que les projets stratégiques avancent vite, mais bien. Vite, parce que le pays ne peut plus se permettre l’immobilisme ; bien, parce que la qualité, la durabilité et le respect des normes ne sont pas négociables. La task force présidentielle répond précisément à cette exigence. Conçue comme un guichet unique de haut niveau, cette task force permet de lever rapidement les blocages, d’arbitrer sans délai les divergences entre administrations et d’assurer une coordination fluide entre tous les acteurs concernés. Elle traduit une conviction forte du chef de l’État : les grands projets structurants ne doivent plus être freinés par des lourdeurs administratives ou des cloisonnements institutionnels. Belinga est un projet stratégique national, et il est traité avec la rigueur, l’efficacité et la célérité que commande son importance pour l’avenir du Gabon.
En tenant compte de ces correctifs, entre autres, quelles sont les probabilités réel les d’une première livraison en 2030 ?
-La cible de 2030 n’est ni un slogan ni une promesse hasardeuse. C’est un objectif industriel construit, fondé sur des études techniques approfondies et un calendrier rigoureux. Fortescue a proposé une première ex-pédition majeure au 1er janvier 2030, sous réserve de la validation complète des études géotechniques, hydrologiques et environnementales, réalisées sur plusieurs cycles saisonniers afin de garantir la durabilité des infrastructures. Le rôle du gouvernement, sous l’impulsion directe du président de la République, est de sécuriser ce calendrier, en maintenant un équilibre entre exigence de qualité, respect de l’environnement et efficacité opérationnelle. C’est une question de crédibilité pour le Gabon sur la scène internationale.
Comment se répartit la propriété du projet et quel est le niveau réel de contrôle de l’État ?
-La répartition du capital est effectivement claire : Fortescue détient 72 %, ATIF 18 % et l’État gabonais 10 %. Mais s’arrêter à ces chiffres serait passé à côté de l’essentiel. Dans un projet de cette nature, le contrôle ne se mesure pas uniquement en pourcentage les mécanismes de gouvernance, les conventions et les décisions stratégiques. L’État gabonais joue un rôle central et structurant. Il encadre juridiquement le projet à travers la convention minière et la future convention d’infrastructures, il fixe les exigences en matière de transformation locale, de priorité à l’emploi national, de responsabilité sociale et de protection de l’environnement, et il veille au respect strict des engagements pris par l’opérateur. Ces orientations ne sont pas négociables : elles traduisent la politique minière nationale. Sous l’impulsion directe du président de la République, Brice Clotaire Oligui Nguema, l’État s’est positionné comme le garant de l’intérêt général et de la souveraineté économique. Belinga n’est pas un projet laissé à la seule logique de l’investisseur. C’est un projet stratégique national, piloté, encadré et suivi au plus haut niveau, afin que chaque décision majeure serve durablement les intérêts du Gabon et de ses populations.
Fortescue parle d’une exploitation “verte”. Que recouvre concrètement cet engagement ?
-Il faut d’abord rappeler que cet engagement n’est pas une posture de communication. Fortescue est mondialement reconnu comme l’un des groupes industriels les plus avancés dans la transition vers des modèles d’exploitation basés exclusivement sur les énergies propres et renouvelables. Cette orientation structure l’ensemble de sa stratégie industrielle à l’échelle internationale. Pour le Gabon, cet engagement prend tout son sens. Conformément aux très hautes instructions du président de la République, Brice Clotaire Oligui Nguema, l’exploitation minière est un choix assumé, mais elle doit s’inscrire dans un cadre clair car le Gabon doit demeurer un pays écoresponsable, respectueux de son environnement et de ses engagements climatiques. L’approche dite “verte” portée par Fortescue s’aligne donc parfaitement avec la vision nationale. Concrètement, à Belinga, cela se traduit par l’intégration de grands projets hydroélectriques, un modèle énergétique unifié couvrant la production, le transport et le stockage de l’énergie, ainsi qu’une réduction significative des émissions liées à l’exploitation minière et à la logistique. Ce choix technologique permet de concilier performance industrielle et préservation de l’environnement. C’est précisément cette convergence entre l’expertise internationale de Fortescue et l’orientation écologique voulue par le chef de l’État qui donne toute sa crédibilité au projet Belinga. Industrialiser le Gabon, oui, mais en restant fidèle à notre identité de pays vert, responsable et tourné vers un développement durable.
Quel sera l’impact socio-économique réel pour les populations locales, notamment en matière d’emplois et d’inclusion des femmes ?
-Le président de la République, Brice Clotaire Oligui Nguema, a fixé une ligne claire. La mine ne doit plus être un simple espace d’extraction, mais un levier de développement humain et territorial. Chaque minerai extrait doit aussi créer de la vie autour de lui, générer des opportunités et améliorer concrètement le quotidien des populations, en particulier des communautés riveraines. Dans cet esprit, près de 700 emplois ont déjà été créés, dont 90 % occupés par des Gabonais, et à terme, des milliers d’emplois directs et indirects verront le jour avec l’ensemble du corridor minier et des infrastructures associées. Au-delà de l’emploi, le projet intègre des actions structurantes dans des domaines essentiels tels que la santé, l’éducation, le désenclavement des territoires et le développement de l’entrepreneuriat local. Une attention particulière est accordée à l’inclusion des femmes, à la formation des jeunes et à l’autonomisation économique des communautés. C’est cette approche sociale et territoriale, portée par le chef de l’État, qui fait de Belinga un projet appelé à produire une prospérité partagée et durable au bénéfice des populations gabonaises.
D'accord, mais que fait concrètement le gouvernement pour que les Gabonais accèdent aux postes d’encadrement et de direction ?
-La position du président de la République est sans ambiguïté. Les postes de responsabilité dans les grands projets structurants du pays doivent être occupés, à terme, par des Gabonais compétents. Belinga ne saurait être un projet où nos compatriotes se limiteraient à des fonctions d’exécution. La vision du chef de l’État est claire : former, préparer et promouvoir des cadres nationaux capables de diriger, de décider et de porter la transformation du secteur minier. C’est dans cet esprit qu’une réforme en profondeur de l’École des mines et de la métallurgie de Moanda est actuellement engagée. Cette institution stratégique est appelée à devenir un véritable pôle d’excellence, avec l’intégration de formations spécialisées directement alignées sur les exigences du projet Belinga. Il s’agit notamment de l’exploitation minière industrielle, de la géologie avancée et de la modélisation minière, de la métallurgie et de la transformation du minerai, de la maintenance des infrastructures lourdes, de la gestion des projets miniers et ferroviaires, mais aussi de la gestion des données minières et de l’intelligence artificielle appliquée à l’exploitation, du droit minier, ainsi que des volets environnement.
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