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Enquête

A "Venez-Voir", la vente des aliments par terre a pignon sur... rue

A "Venez-Voir", la vente des aliments par terre a pignon sur... rue

Quartier Venez-Voir. L'ambiance est la même que celle de tous les jours en ce premier lundi du mois de septembre dans cet univers qui tient lieu de marché anarchique.

Entre les pousseurs de brouettes, les piétons et autres femmes qui viennent faire leurs achats ainsi que les véhicules qui circulent dans le sens Rio-Feux tricolores de la Peyrie ou inversement, difficile de se frayer un passage. Ce capharnaüm est amplifié par la présence de camions de vivres garés tout aussi anarchiquement et déchargeant ici et là banane, manioc, taro et autres produits alimentaires importés pour la plupart du Cameroun.

Ici donc, la chaussée se rétrécit chaque jour un peu plus du fait aussi des commerçantes qui ne se contentent plus de confisquer les trottoirs pour écouler leurs marchandises. Elles ont poussé l'audace en étalant celles-ci sur une partie de la voie, à même le sol ou, dans le meilleur des cas, sur un morceau de contreplaqué ou sur d'anciens emballages ayant servi au conditionnement du riz.

Lundi dernier, L'Union a pu par exemple constater que des citrouilles, choux, carottes et autres concombres n'avaient pour étals que la terre ou le bitume. Un constat également fait par Rachel, qui semble être une habituée des lieux, et qui précise que "parfois, vous trouvez même du poisson posé sur les espèces de sac de riz”.

Quid alors des conditions d'hygiène de ces denrées alimentaires soumises à la poussière des véhicules en circulation ? Il y a aussi "Les mouches qui s'échappent du bac à ordures qui est là à côté, et qui viennent se poser sur ces produits, sans omettre les eaux usées qui sont mises directement en contact avec les tas de produits à vendre", dénonce Rachel.  

Ici, en réalité, la question de l'hygiène des vivres vendus est une chose pour laquelle nul ne se donne de la peine. Comme on dit, c'est le cadet des soucis des vendeuses, tant elles estiment vraisemblablement qu'il y a toujours une certaine clientèle pour elles. Mais faut-il laisser ces comportements m'en-foutistes perdurer sans réaction de la part des autorités compétentes ? Où sont passés les services d'hygiène, de la consommation et d'autres administrations en charge justement de la réglementation de la commercialisation des denrées sur l'espace communal ? Face à l'incivisme ambiant des Librevillois, la mairie aurait-elle abdiqué comme le laissent entendre certains observateurs ? Qui alors pour protéger les populations des risques de contamination des pathologies liées à la consommation des aliments mal conservés ? "On a l'impression que certains sont complices, car ils ne se préoccupent que du prélèvement des taxes journalières auprès des femmes", estime un usager rencontré sur les lieux.

Interrogées à ce sujet par L'Union, la plupart d'entre elles restent sans dire un mot, comme pour ne pas trahir un secret. "Chaque commerçante verse 300 francs tous les jours aux agents de la société qui nettoie le marché", révèle cependant une de leurs collègues.

 

Charly NYAMANGOY BOTOUNOU

Libreville/Gabon

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