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Enquête

Savoir-faire gabonais : au cœur de la fabrication du Bantoo Chocolate

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TOUT a commencé à l'hypermarché Casino. Au milieu des barres de chocolat, un se démarque. Il est de format plus petit et porte un masque au cœur de son emballage. D'autres signes : ''Single origin Gabon'', ou encore ces trois feuilles en bas de packaging peintes du Vert-Jaune-Bleu national intriguent. Il n'en fallait pas plus pour que naissent des questions. D'autant qu'on connaît, sur le plan local, ''Les chocolats de Julie''. Mais ceux-ci pas tant que ça ou pas du tout. Depuis quand ce chocolat est-il dans les rayons ? Qui en est le concepteur ? Comment arrive-t-il à Casino ? La réponse, c'est un contact téléphonique… local qui permet de remonter la filière. Au bout du fil, un jeune homme : Jonathan Ayimambenwe. Il est, avec son frère aîné, Sébastien Ayimambenwe, le fondateur de Kakaomundo qui fabrique le chocolat dont on parle.

 

La filière gabonaise, entendu que Kakaomundo est présente en France, en Italie, au Haut-de- Gué-Gué à Libreville. Vue de l'extérieur, rien qui renseigne sur les activités qui s'y déroulent. Mais Jonathan et Sébastien sont là. À l'arrière-cour, une équipe de jeunes gens, charlotte sur la tête, trient des fèves de cacao. ''On essaie pour le moment de payer le cacao de tout le monde. Sincèrement, les procédés critiques postrécoltes, à l’origine de la formation des précurseurs d'arôme du chocolat, ne sont pas toujours bien respectés. D'où la perte en qualité des fèves que nous recevons. Là par exemple, ce sont 30 % du sac qui seront jetés, voire tout le sac. Cependant, il faut encourager nos compatriotes'', raconte Sébastien. La visite peut commencer.

 

Dans un espace dédié, un laboratoire, ou plutôt une mini-chocolaterie. L'air en est agréablement parfumé. Tout y est d'ailleurs en miniature mais avec une bonne capacité de production de tablettes de chocolat par jour. ''C'est ici que l'on étudie les fèves, leurs caractéristiques, et que l'on élabore en petite quantité des formulations de chocolat. Une sorte de salle de test.'' Là une rôtisseuse. Car après le tri des fèves, elles doivent être rôties, craquées en petits morceaux pour séparer la peau du cacao lui-même. Tout à côté, des broyeuses dans lesquelles les fèves craquées sont ensuite passées et où sont ajoutés les ingrédients de la formule. Ici, secret de chocolatier oblige, les deux frères ne s'étendent pas. Place à l'élimination de l'amertume et de l'acidité du cacao. C'est une machine qui se charge de cette partie du métier de chocolatier. Il faut bien noter que certains aiment cette amertume et cette acidité donc, il peut arriver dans le process, que l'on conserve ces notes. Ensuite on tempère le beurre de cacao qui s'y trouve. Une sorte de cristallisation qui permettra au chocolat de se solidifier et de rester ferme même hors d'un frigo. Et l'on termine par le moulage. Fin de la visite ! Une belle découverte : du cacao local transformé… localement suivant des normes internationales par de jeunes compatriotes.

 

Mais pourquoi le chocolat ? Au commencement de l'histoire, les Ayimambenwe ont toujours voulu être des entrepreneurs. Un contexte familial favorable y a forgé cette idée qui ne les a pas quittés en grandissant. Et le cacao est à la base de leur vie avec une grand-mère qui en cultivait. Les jeunes sont pourtant détenteurs d’un MBA et d’un master en bio-informatique. C'est lors de leurs stages d'entreprise que l'idée d'entreprendre devient évidente. Ainsi en 2009, avec le pécule reçu en fin de stage, ils vont prendre exemple sur leur grand-mère en structurant davantage son activité. Seulement eux tablent sur le manioc et autres bananes.

 

Dans la même période, l'État est dans une dynamique de relance de la filière cacao café. ''Nous nous sommes dit : pourquoi pas, et avons planté dans notre village de Lambaréné, des cacaoyers''. Et ce seront les difficultés rencontrées qui vont constituer la trame de leur réflexion, histoire de résoudre les problèmes de maladie et autre fermentation pour des fèves de qualité. Mais un autre problème et pas des moindres se pose à eux : les financements. Leur stratégie pour en capter sera la participation à tous les concours possibles susceptibles de financer leurs projets. Voilà aujourd'hui Kakaomundo et Bantoo Chocolate installés en Europe et au Gabon avec une vision de conquête de tous les continents.

 

Line R. ALOMO

Libreville/Gabon

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