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Société & Culture

Recouvrement des loyers à Mont-Bouët : la mairie face à la mafia

Le marché de Mont-Bouët. © DR

Mont-Bouët est un lieu où règnent de nombreuses difficultés. © DR

"Cette action vise à rétablir l'ordre et à mettre un terme aux pratiques abusives qui prévalaient. Plusieurs opérateurs ont été convoqués pour justifier leur situation locative, notamment ceux soupçonnés d'avoir illégalement cédé des espaces commerciaux à des tiers", a-t-elle expliqué. Sauf que si, sur le papier, elle montre de bonnes intentions, la réalité est un peu plus compliquée. Tout cela à cause des caractéristiques de Mont-Bouët.

Il faut savoir qu'il existe trois catégories de marchés, selon le service des Affaires économiques de la mairie de Libreville, déjà contacté en 2023. Il y a les régies (gérées directement par l'Hôtel de Ville, soit le secteur 1 de Mont-Bouët, Ambowè, Oloumi et Nzeng-Ayong), les concessions (gérées par des tiers sous contrat à Louis, Nkembo, Akébé et PK 8) et enfin, les mixtes (une grande partie de Mont-Bouët et Nzeng-Ayong).

Le secteur 1 de Mont-Bouët correspond à la zone du grand hangar, construit dans les années 60, et est la propriété de la mairie de Libre-ville. Autour de cette zone, il y a des concessions comme les galeries commerciales construites sur le domaine communal. À côté de ces installations, se trouvent des commerces qui se sont installés et constituent l'ensemble du marché. Une fois que ce périmètre est présent à l'esprit, il se pose une question : comment la mairie peut prétendre ne découvrir que maintenant ces loyers impayés ? N'a-t-elle pas un fichier à jour des bâtiments se trouvant sur le périmètre qu'elle a défini ?

Elvis Rodrigue Zang, secrétaire général de l'ONG Solidarité pour le développement du Gabon est sans pitié. Il a estimé, samedi dernier, que cette sortie est une mascarade. Elle cache mal des conflits d'intérêts, des détournements massifs imputables aux agents et une mauvaise organisation, volontairement, des services municipaux. En somme, la mairie est à l'origine d'un désordre qu'elle fait semblant de résoudre.

"En vérité, la mairie n'a jamais rien construit à Mont-Bouët. Le sac d'embrouilles a commencé avec les concessions signées il y a 20 ou 25 ans et qui sont caduques. Les autorités municipales savent ce qu'il se passe et font semblant de regarder ailleurs. Elles savent que ce sont leurs propres agents qui, à chaque fois, prennent largement sans rien verser dans leur caisse. Ce qu'il se passe aujourd'hui n'est qu'une mascarade et une chasse aux sorcières. Il doit y avoir des gens actuellement aux affaires qui veulent avoir leur part du gâteau. Les commerçants ne peuvent pas être véreux. Ils ne peuvent pas exercer sans verser de loyers. Si cet argent n'arrive pas au Trésor, ça veut tout simplement dire qu'il y a des agents municipaux qui s'engraissent et couvrent ces agences-là", a-t-il indiqué.

À ce niveau, il faut marquer une pause pour signaler qu'il existe à Mont-Bouët des agences chargées de récolter, auprès des vendeurs de fruits ou de friperie, les taxes journalières. En sus d'agents municipaux. Ce qui serait aussi le cas, selon de nombreuses indiscrétions, pour les galeries et autres magasins. Avec ces acteurs, la situation est encore plus compliquée.

"Il faut comprendre les commerçants qui n'acceptent pas que la mairie vienne exiger des loyers qu'ils ont déjà versés auprès de tierces per-sonnes. C'est normal qu'ils refusent de payer deux fois la même somme. C'est ça, la vérité. Que la mairie se répande dans les médias, c'est juste pour montrer aux nouvelles autorités qu'elle travaille. Mais cette opération ne vaut rien. Il y a trop d'intérêts, souvent personnels, pour que l'Hôtel de Ville aille jusqu'au bout. Sinon des têtes pourraient tomber", explique Elvis Rodrigue Zang. 

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