Le projet de Constitution de la République gabonaise, en cours de discussion, a mis en lumière l'article 53, qui semble être au cœur des préoccupations de nombreux compatriotes. Cet article stipule des critères d'éligibilité à la présidence de la République, des critères qui, bien que justifiés par un souci de garantir l'identité nationale et la stabilité politique, soulèvent des questions quant à leur portée et leur impact sur la démocratie gabonaise.
En premier lieu, l'exigence d'une nationalité exclusivement gabonaise, ainsi que celle d'être né de parents gabonais, pourrait être perçue comme une mesure visant à préserver l'intégrité nationale. Cependant, cette disposition pourrait également être interprétée comme une exclusion de potentiels candidats ayant des liens avec d'autres pays, limitant ainsi le champ des possibles pour des leaders qui pourraient apporter des expériences et des visions diversifiées. La question se pose alors : cette restriction est-elle vraiment nécessaire dans un monde de plus en plus globalisé ?
De plus, l'article impose une limite d'âge, stipulant que les candidats doivent avoir entre 35 et 70 ans. Cette fourchette d'âge, bien que visant à garantir une certaine maturité et expérience, peut également être vue comme un frein à l'inclusion de jeunes leaders, souvent porteurs de nouvelles idées et de dynamisme. Les jeunes Gabonais, qui représentent une part significative de la population, pourraient se sentir délaissés par des règles qui ne tiennent pas compte de leur potentiel.
L'exigence de résidence au Gabon pendant au moins trois ans avant l'élection et la nécessité de parler au moins une langue locale ajoutent une couche supplémentaire de complexité. Ces critères, bien qu'ils visent à établir un lien fort entre le candidat et le pays, peuvent également être perçus comme des obstacles pour ceux qui, pour des raisons professionnelles ou personnelles, ont dû s'expatrier. La diaspora gabonaise, qui pourrait jouer un rôle crucial dans le développement du pays, se retrouve ainsi potentiellement exclue du processus politique.
Enfin, l'article 53 requiert que le candidat jouisse d'un état complet de bien-être physique et mental, ce qui, bien que louable, soulève des questions sur la manière dont cette évaluation sera effectuée et par qui. La transparence de ce processus sera cruciale pour éviter toute manipulation ou discrimination.
En conclusion, l'article 53 du projet de Constitution gabonaise, tout en cherchant à établir des critères clairs pour l'éligibilité à la présidence, mérite une réflexion approfondie. Les enjeux de nationalité, d'âge, de résidence et de santé doivent être examinés avec soin pour garantir que la démocratie gabonaise soit véritablement inclusive et représentative de tous les Gabonais. Une compréhension éclairée de ces dispositions est essentielle pour permettre un débat constructif et informé autour de la nouvelle Constitution.
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