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Société & Culture

Portrait : " Maman " Maria : la femme chargeur de taxi-bus

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Au chômage depuis que la société dans laquelle elle travaillait a mis la clé sous le paillasson, maman Maria, la cinquantaine révolue exerce le métier de chargeur de taxi-bus à IAI pour arrondir ses fins du mois. C’est l’une des rares femmes à avoir embrassé ce métier qui est l’apanage des hommes et surtout des jeunes.

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C’EST le complexe qui fait que beaucoup de jeunes filles ne puissent pas se lancer dans ce métier, qui nourrit pourtant bien son homme. Leurs raisons c’est que leurs petits amis vont se moquer d’elles, leurs amies vont les dénigrer. » C’est en ces termes que "Maman Maria", gabonaise, la cinquantaine révolue, justifie le fait qu’elle soit une des rares femmes chargeuses de taxi-bus dans la capitale gabonaise.

 

 

Ceux qui empruntent les taxi-bus au départ de IAI pour le carrefour Charbonnages ou pour la Gare-routière ne peuvent pas la rater. Au petit matin ou en mi-journée, pendant environ 4 heures par jour, Maria incarne bien l’adage qui dit que "il n’y a pas de sot métier". Dans un taxi qu’elle charge tout en répondant à nos questions, plusieurs clients installés la regardent, étonnés, voire émerveillés, et semblent curieux de savoir comment cette dame en est arrivée là.

 

« Cela fait six mois déjà que je fais ce travail. Initialement, je suis venue au carrefour IAI pour vendre des amuse-gueules. Les recettes diminuant, notamment à cause des vacances, je me suis dirigée tout naturellement vers le chargement de taxis-bus. Les petits me disaient de venir les aider, et j'acceptais l'appel. C’est là que tout a commencé, et ça tout de suite collé avec les jeunes» .

 

"La vieille", comme l’appellent aussi certains, crie pour appeler les clients comme les jeunes, et court assez souvent comme eux pour rattraper d’éventuels chauffeurs indélicats. « Avec ce travail, il faut être très sportive, parce que les chauffeurs, lorsque leur bus est plein, démarrent sans crier gare. Il faut donc pouvoir les suivre pour récupérer l’argent du chargement », nous confiera dans un français très soigné, cette mère de huit enfants, grand-mère de quatre autres.

 

Les jeunes chargeurs qui travaillent sur ce site ont bien adopté cette drôle de dame. « Nous nous sommes habitués à avoir la vieille à nos côtés. Elle travaille avec nous, nous conseille parfois sur la vie, le fait qu’il faut travailler et non voler. C’est une femme bien et la voir faire ce métier nous encourage à ne pas avoir honte de le faire aussi, puisque c’est une femme qui a appris, qui travaillait dans une grande société. Les filles qui ne font rien devraient prendre exemple sur elle » , nous déclare Carl, chargeur de taxis-bus à IAI.

 

S’agissant du regard que sa famille porte sur ce travail, elle nous avouera avoir "un peu forcé la main" auprès de ses enfants, qui n’apprécient pas trop ce qu’elle fait. Mais elle dit le faire sans complexe, et surtout pour ne dépendre de personne. « Les quelques pièces que je gagne par jour me permettent de vivre et d’arrondir mes fins du mois sereinement » , nous dit-elle.

 

Quant au conseil qu’elle pourrait donner à une fille complexée par la pratique de ce métier maria affirme : « Il vaut mieux pour une fille faire ce travail plutôt qu'avoir recours à tous les maux qu’on connaît, à l’exemple du braquage ou de la prostitution. Ici, elle peut gagner sa vie normalement, à la sueur de son front. » Et de conclure : « I l n’y a pas de sot métier, il n’y a que de sottes gens ».

CBM

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