Depuis plusieurs semaines, les coupures de courant au Gabon sont au cœur des préoccupations des citoyens. Le président Brice Clotaire Oligui Nguema et son gouvernement intensifient leurs efforts pour remédier à la situation. Récemment, le gouvernement a annoncé l'acquisition de deux nouveaux groupes électrogènes de 1 500 kVA et 850 kVA, ainsi qu'un accord avec Karpowership pour fournir 70 MW à Libreville dans les heures à venir. Ces mesures visent à apporter des solutions d’urgence, en attendant la mise en œuvre de projets à long terme, tels que la centrale hydroélectrique de Ngoulmendjim (82 MW) et l’usine de Ntoum 7.
Cependant, dans ce contexte de crise énergétique, un département demeure étonnamment silencieux : celui de l'Éducation nationale. Pourtant, les impacts de ces coupures sur les élèves sont indéniables. En moyenne, les interruptions de fourniture d'électricité se produisent entre deux et quatre fois par quartier et par jour, affectant la vie quotidienne des Gabonais, notamment celle des plus jeunes.
Les conséquences sur le sommeil des enfants sont préoccupantes. Le manque d'électricité entraîne une chaleur accablante et favorise la prolifération des moustiques, rendant le sommeil difficile. La psychologue-clinicienne gabonaise, Charlène Guigui Allié, souligne que le manque de sommeil peut avoir des répercussions sur le rendement scolaire des élèves. Selon des études menées au Canada, jusqu'à 24 % des élèves ont rapporté une chute de leurs notes à cause de la somnolence. Ce phénomène est corroboré par les observations du Dr Moussa Cissé, pédagogue malien, qui a également mis en lumière la démotivation des apprenants liée aux coupures d’électricité.
Un autre aspect est l'absence de groupes électrogènes dans les établissements scolaires, qu'ils soient publics ou privés. Cette situation complique davantage l’enseignement, rendant les cours d'informatique impossibles et augmentant la chaleur dans les salles de classe. Le silence du ministère de l'Éducation nationale face à ces enjeux est troublant, alors que des mesures adéquates devraient être envisagées pour protéger l’apprentissage des élèves.
Dans d'autres pays, des réponses concrètes ont été apportées face à des crises énergétiques similaires. En France, par exemple, le gouvernement a dû suspendre les cours dans les écoles touchées par des délestages, assurant que l'environnement d'apprentissage soit sécuritaire et adéquat. La Fédération CFDT Éducation Formation Recherche publiques a reconnu que l'absence d'électricité ne compromettait pas seulement l'enseignement, mais également la sécurité des élèves.
Au Gabon, l'inaction du ministère de l'Éducation nationale face à ces coupures de courant soulève des questions. Pourquoi ce département, pourtant essentiel au développement des jeunes générations, reste-t-il muet face à une crise qui affecte directement l'avenir des élèves ? Les autorités éducatives doivent impérativement prendre conscience des impacts dévastateurs de cette situation sur l'éducation et agir en conséquence.
Alors que le gouvernement met en place des solutions temporaires, il est essentiel que le ministère de l'Éducation nationale élabore une stratégie pour atténuer les effets de ces coupures sur les enfants. L’avenir du Gabon dépend de l’éducation de sa jeunesse, et il est temps que les décideurs prennent cette responsabilité au sérieux. Les élèves méritent un environnement d’apprentissage favorable, même en période de crise. Le silence actuel du ministère est non seulement surprenant, mais également inacceptable dans un pays qui aspire à un avenir meilleur pour ses jeunes.