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Économie

Contrat Karpowership : solution miracle ou un piège financier ?

Centrales électriques Karpowership. © DR

Les centrales électriques flottantes turques de Karpowership ancrées au large de Libreville. © DR

Le Gabon, longtemps en proie à des coupures d’électricité récurrentes, a récemment misé sur un partenariat avec Karpowership, une entreprise reconnue pour ses centrales flottantes. En mai 2024, alors que la situation énergétique s’aggravait, le ministère de l’Énergie, sous la direction de Jeannot Kalima, a conclu un contrat ambitieux d'une durée de cinq ans pour une puissance de 150 mégawatts. Ce choix, présenté comme une bouée de sauvetage, suscite pourtant de vives inquiétudes.


L'annonce de ce partenariat fait écho à une période de crise marquée par la suspension des services de l'entreprise britannique Aggreko, qui, après 20 ans de collaboration, a arrêté sa fourniture d’électricité en raison d’une facture impayée de 15 milliards de F CFA. Ce climat de tension a poussé les responsables gabonais à se rendre en Turquie afin d'évaluer les capacités de Karpowership. Impressionnés par les installations de ce leader mondial, ils ont rapidement engagé des discussions pour mettre en place un contrat dont le montant s'élève à 1 000 milliards de F CFA.


Cependant, l'enthousiasme initial a rapidement cédé la place à des inquiétudes grandissantes. Les termes du contrat soulèvent des interrogations, notamment en ce qui concerne la gestion des installations gazières. En effet, la SEEG (Société d’énergie et d’eau du Gabon) a omis de résilier le contrat avec Aggreko, ce qui complique la transition vers Karpowership. "Il y a une seule ligne de gaz qui vient de Port-Gentil, et elle est actuellement utilisée par Aggreko. Karpowership devait la remplacer, mais il n'y a pas assez de gaz pour deux opérateurs", explique une source proche du dossier.


D’autre part, des doutes entourent la légitimité de la signature du contrat. L'ancien directeur général de la SEEG, Joël Lehman Sandoungout, aurait refusé de signer le document, qui a finalement été validé par un financier sans mandat officiel. Cette situation jette une ombre sur la transparence et la légitimité des engagements pris par la SEEG.


En prenant un tel engagement, la SEEG semble ignorer sa propre situation financière précaire. L'entreprise peine déjà à honorer ses dettes, notamment une somme de 2 milliards de F CFA, et s'engage désormais dans un contrat qui pourrait lui coûter jusqu'à 13 milliards de F CFA par mois, sans garantir une augmentation de la capacité électrique. "On s’est mis dans un contrat de 13 milliards de F CFA par mois, mais cela ne fait qu'aggraver la situation", souligne notre source.


Alors que les attentes étaient grandes pour Karpowership, les complications qui entourent ce contrat pourraient compromettre la stabilité énergétique tant espérée. Les experts s'interrogent sur la capacité de la SEEG à gérer cette nouvelle phase, alors qu'elle fait face à des défis financiers majeurs et à une dette croissante.

L'avenir du Gabon en matière d'énergie dépendra de la capacité de la SEEG à surmonter ces obstacles et à garantir que cet accord ne se transforme pas en un fardeau insurmontable pour le pays. La promesse d'une électricité stable et fiable est plus que jamais en jeu, et les autorités devront agir rapidement pour rectifier le tir avant qu'il ne soit trop tard.
 

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