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Société & Culture

Culture et arts : Armande Longo- Moulengui au pied d'un mont Iboundji

Armande Longo-Moulengui et André Jacques Augand

Armande Longo-Moulengui, nouvelle ministre de la Culture et des Arts, lors de la passation de pouvoirs avec son prédécesseur, André Jacques Augand. © DR

"En vérité, on fermerait le ministère de la Culture que personne ne se rendrait compte..." Le trait est à peine forcé dans cette boutade d'un écrivain gabonais tant le département gouvernemental en charge des questions culturelles est notoirement connu comme le moins nanti. Un état de fait qui ne date pas d'aujourd'hui. "La culture reste le domaine le moins cher des politiques publiques", enfonce un jeune slameur. Ceci expliquerait-il donc cela ? Même si cette hypothèse reste discutable, un fait saute aux yeux : à part l'événementiel, le ministère en charge de la Culture donne l'impression d'un pilotage à vue sans véritable politique culturelle durable.

À la différence des autres ministères qui en sont plus ou moins nantis, le ministère de la Culture ne dispose pas d'infrastructures culturelles dignes de ce nom sous sa gérance. Pas de salle de spectacle (celui en réfection au sein même du ministère fait pâle figure), pas de bibliothèque publique, pas de théâtre, pas de musée (l'actuel, en plus d'être exigu, ne répond pas aux normes muséales) pas de place publique dédiée, etc.

Amanda Longo-Moulengui hérite donc, dans le gouvernement Raymond Ndong Sima III, d'un ministère où tout est à refaire, ou presque. Le fait d'avoir "deghettoïsé" ce département de celui des Sports où il était confiné dans le précédent gouvernement montre bien la volonté des nouvelles autorités à redonner des galons à la culture.

L'ex-cheffe du département d'allemand à l'Ecole normale supérieure (ENS) accède donc à un ministère plein. Il lui revient, le temps qu'elle y passera, de donner une marque, une impulsion nouvelle à ce département dépositaire de l'âme d'un peuple et d'une nation mais également catalyseur d'un développement durable. Il faudra alors rompre avec le pilotage à vue et bâtir des politiques culturelles solides et durables qui tiennent compte de toutes les expressions culturelles et artistiques du pays et non se complaire juste dans l'événementiel. Et trop souvent sur Libreville uniquement.

Est-ce donc un bon présage ? La nouvelle ministre a ouvert son magistère par un geste fort en symbole. Elle a offert, le samedi 25 janvier 2025, au nom du président de la Transition, une maison neuve, toute meublée au maître gabonais de la cithare et de la musique traditionnelle, le bien nommé Papé Nziengui. Malgré sa notoriété nationale et internationale - il représente régulièrement le Gabon dans de prestigieux festivals à travers le monde -, cet artiste musicien peine à vivre décemment de son art et de la reconnaissance qu'il apporte à son pays.

Ce qui n'est pas sans rappeler la fin, en ce début d'année, dans un quasi-abandon de Prince de Capistran plus connu sous nom d'acteur d'Oncle Didine. Le message testamentaire, empreint de pessimisme, laissé au soir de sa vie en dit long sur le peu de considération accordée à la culture et aux acteurs culturels au Gabon. Voilà donc le chalenge, Madame la ministre : relever et conférer ses lettres de noblesse à un secteur toujours confiné à l'arrière-plan.

Y compris les conditions de travail de ses agents. En ce moment précis où le Gabon cherche à revigorer son secteur touristique, une synergie avec un ministère en charge de la Culture et des Arts, interactif, boosterait assurément ce tourisme Vert-Jaune-Bleu.

Et s'il y a un dossier sur lequel la communauté artistico-culturelle gabonaise attend la ministre Armande Longo-Moulengui c'est bien la question des droits d'auteur qui, malgré quelques avancées notables (adoption du texte sur le statut de l'artiste et de l'acteur culturel par les deux chambres du Parlement) tarde à se concrétiser. Et ce malgré la mise sur pied du Bugada (Bureau gabonais des droits d'auteur) et conseil d'administration. Peut-être que l'entregent de cette universitaire aux compétences avérées pourrait faire bouger les lignes.

Le défi de la formation se pose également au ministère de la Culture. L'ENAM (École nationale d'arts et manufacture) sous tutelle, vivier du personnel de ce ministère, mérite bien de repenser ses filières de formations en les adaptant à l'ère du temps. Et pourquoi pas rehausser le niveau de son recrutement.

Enseignante de formation, Mme Longo-Moulengui saura là également, on n'en doute point, faire valoir son expertise.

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