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Enquête

PK 8 : le relogement des victimes des éboulements toujours d'actualité ?

Derrière le marché-banane. © Olivier NDEMBI

Derrière le marché-banane, une zone qui n'est pas à l'abris de nouveaux éboulements. © Olivier NDEMBI

Veuve, Simone fait partie des victimes des éboulements survenus dans la nuit du 21 au 22 octobre 2022 derrière le marché-banane du PK 8. Sa maison, marquée à risque comme toutes les autres d'une couleur rouge désormais à peine visible, porte le numéro 96. L'un des murs permettant d'accéder à la terrasse garde encore les stigmates du passage de la terre boueuse venue de la colline. Ce matin-là, nous la trouvons avec l'un de ses deux garçons arrachant la végétation qui a envahi le pourtour de la demeure, dans la perspective d'un retour au bercail. 

Simone raconte qu'au lendemain du drame, elle a dû emménager chez son frère à Beau-Séjour. Mais elle constate que deux ans après, elle et les siens ne sont plus les bienvenus en famille. "Chaque fois, les enfants de mon frère nous posent la question de savoir si les logements censés nous être attribués à Bikele ne sont pas terminés", explique-t-elle devant son fils trentenaire, le regard mélancolique. "Nous avons décidé de revenir chez nous, même si nous sommes exposés à de nouveaux éboulements. Nous n'avons vraiment pas le choix car nous ne savons plus où aller. Le temps de réparer ce qui doit l'être et nous regagnons notre maison", renchérit le jeune homme.

A une quinzaine de mètres de chez Simone, un peu plus en hauteur, se dresse une autre maison immatriculée sous le numéro 101. Evrad, malvoyant de 44 ans, y vit avec une femme et leurs 4 enfants dont un nourrisson. "Le dossier des sinistrés est bloqué, on ne sait plus à qui s'adresser. Toutes les pistes, tous les recours ont été explorés. Rien ! Nous sommes dans les oubliettes. Et quand il pleut, c'est pas la joie. On dort avec la peur au ventre". renseigne-t-il, le regard voilé par des lunettes noires. Pauline, logée sur le côté droit en dessous de la colline, a arrêté tout nouvel investissement dans sa maison, à la demande des autorités en charge du dossier du relogement. Elle aussi a habité en famille lorsque le drame est  survenu. Mais quelque temps après, lasse d'attendre les maisons promises par les pouvoirs publics et la cohabitation avec la famille devenant insupportable, elle a dû revenir là où elle a bâti toute sa vie durant jusqu'à prendre sa retraite dans les Forces nationales de police. Depuis lors, elle affirme que chaque pluie nocturne est vécue tel un supplice. "Nous sommes obligés de nous assembler au salon pour éventuellement essayer de nous dégager en cas de danger", dit-elle, visiblement désespérée.

Mais comment réussir à échapper au danger survenant brutalement lorsque la maison est juchée à une quarantaine voire à une cinquantaine de mètres du niveau du sol, de surcroît sur une pente glissante même en temps sec ? La situation reste donc toujours préoccupante derrière le marché-banane du PK8 où certains sinistrés sans moyens pour se reloger ailleurs, se disent obligés de réintégrer leurs habitations pour recouvrer leur dignité. Quoique mesurant la menace qui pèse sur leur sécurité. Mais que sont donc devenus les logements devant être attribués à ces familles ? Combien sont-elles et pourquoi ce relogement promis ne voit-il pas toujours le jour plus de deux ans après le drame du PK 8 ?

Tentative d'explication avec le secrétaire général de ce collectif, Jean Difouta Nzaou (lien).

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