Sous double tutelle depuis de nombreuses années, l’École normale supérieure semble enfermer son personnel dans une spirale de difficultés croissantes. Le Syndicat national des enseignants chercheurs (SNEC-ENS) a récemment tiré la sonnette d’alarme, décrivant une situation alarmante qui met en lumière l'inefficacité d'une cotutelle qui ne satisfait plus personne, sauf ceux qui semblent se réjouir de son affaiblissement.
Lors d'une conférence de presse, le Pr. Janvier Hilaire Nyangone a exposé les failles d’un dispositif censé garantir un équilibre entre le ministère de l’Éducation nationale et celui de l’Enseignement supérieur. Selon lui, l’article 6 stipule que le ministère de l'Éducation nationale doit présider le conseil d’administration tandis que le ministère de l’Enseignement supérieur en est le vice-président. Pourtant, cette répartition des rôles a montré ses limites. « Les deux parties ne s’impliquent pas à part égale », a-t-il déclaré, dénonçant l'absence d'une véritable participation financière et administrative de l’Éducation nationale.
Les conséquences de cette situation sont lourdes. Le SNEC-ENS souligne que l’enseignement supérieur supporte seul le poids des charges financières, notamment les vacations des inspecteurs et conseillers pédagogiques, qui restent à la charge de ce dernier. L’éclatement des cycles de formation, qui génère un gouffre financier, aggrave encore la crise.
Parallèlement, des problèmes administratifs persistent, exacerbant les difficultés de fonctionnement de l’établissement. Le manque de personnel clé, comme un secrétaire général, oblige le Directeur général à cumuler plusieurs fonctions, ce qui nuit à la bonne marche de l’ENS. Ce « rafistolage administratif » ne fait qu’aggraver le chaos ambiant, comme l’a souligné Nyangone.
Dans ce contexte, le SNEC-ENS appelle à une révision urgente de la cotutelle jugée « toxique et irresponsable ». Le syndicat exige que l’Éducation nationale prenne ses responsabilités et participe activement au fonctionnement de l’ENS. À défaut, il préconise la suspension de ce dispositif, qui, selon eux, ne fait qu'entraîner l'établissement vers une impasse.
Le ministre Camélia Ntoutoume-Leclerq est désormais interpellé. Il est urgent de rectifier le tir afin d’éviter un embrasement dont tout le pays pourrait pâtir. L’avenir de l’École normale supérieure, pilier de l’enseignement supérieur, est en jeu.