Donald, un jeune gabonais de 22 ans, a perdu la vie mardi dernier en tombant du 6e étage sur le chantier de la société libanaise ETAG. L'un des sous-traitants du groupe Mossaïc, adjudicataire des travaux de construction de la cité Émeraude sur le boulevard Bessieux.
En effet, à ce qu'il semble, c'est sans équipements de protection que le jeune homme a chuté du 6e étage, où il travaillait comme coffreur. Il s'est écrasé au sol sur les barres de fer de "20", après avoir atterri sur une dalle au 1er étage. Le jeune homme est mort sur-le-champ. Laissant dans le désarroi et le deuil ses collègues, qui ont décidé d'arrêter le travail. Et ce, en vue de protester contre le mauvais traitement dont ils se disent être victimes de la part des responsables du chantier.
Sur les lieux où nous avons trouvé une poignée d'ouvriers, la tension était encore perceptible. En l'absence des responsables du chantier, injoignables, nous avons pu échanger avec quelques employés, qui n'ont pas caché leur colère. Selon eux, ce n'est pas le premier accident enregistré sur ce site où les responsables semblent très peu préoccupés pour la sécurité des travailleurs. En effet, selon un collègue du disparu, Donald était aide-coffreur. Vu son manque d'expérience, il ne pouvait donc pas travailler en lieu et place du coffreur professionnel. Car ne maîtrisant pas les techniques liées à sa protection.
" Or, il a été demandé à Donald de faire ce travail. Il est d'abord monté au 7e étage, sans équipement de protection, parce qu’ici personne n'en a, avant de redescendre au 6e où il a défait les supports des planches. C'est pendant qu'il travaillait, vers 11 heures, qu'il a posé le pied au mauvais endroit et fait cette chute, atterrissant violemment sur la dalle du premier étage avant de s'écraser au sol sur les barres de fer de "20". Imaginez la suite ! ", lance-t-il.
Une scène insoutenable pour les ouvriers qui ont tenté vainement de venir en aide à leur collègue. Ces derniers ont confié, qu'ils ont été contraints par
les Libanais de regagner leur poste sous peine d'être licenciés. " Et ils ont voulu recouvrir le corps d'une simple bâche, le temps qu'on vienne récupérer la dépouille. Une chose que nous avons unanimement refusée. Il s'agit d'un être humain, pas d'un animal ", a confié, visiblement choqué et remonté contre l'employeur, l'un des témoins de cette scène macabre.
Ce n'est qu’après cette tension que le corps de la victime a été retiré du chantier. Mais les ouvriers ont toutefois décidé d’interrompre le travail, jusqu'à ce qu'une solution soit trouvée pour mettre fin à la situation de précarité dans laquelle ils exercent.
" Nous ne pouvons pas travailler dans de telles conditions. Nous ne sommes pas des animaux, encore moins des sous-hommes. Non seulement nous sommes payés à 550 francs l'heure, pour une pause de 30 minutes par jour, en plus de cela, nous travaillons sans équipement de protection. Aucun employé ne possède d'équipements de protection, pas de filet de sécurité autour du bâtiment. Pire, il n’y a pas de HSE. Mais aussi, la société ETAG qui n’embauche pas, n’évolue qu'avec des sous-traitants sur ce chantier. C'est un SOS que nous lançons à nos dirigeants pour dire attention ! ", a tempêté un travailleur.