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Politique

Hôtel de ville : faut-il dégraisser le mammouth ?

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Au nombre des maux qui inhibent son fonctionnement, il y a l'explosion salariale due aux recrutements massifs et la distraction des fonds publics, au centre des dernières interpellations et incarcérations de ses cadres.

Face aux présidents des groupes politiques siégeant au Conseil municipal de Libreville, le maire central intérimaire, Serge William Akassaga, a eu l'ingénieuse idée de débattre de "la situation de l'heure" de l'institution, en vue de conduire au mieux cette administration durant le temps de l'intérim de trois mois.

L'hôtel de ville de Libreville étant ces derniers temps dans une zone de turbulences inédite, en raison des interpellations et des placements en détention préventive de plusieurs de ses cadres - le paroxysme a été atteint avec l'incarcération du maire central, Léandre Nzue -, il devenait impératif que l'on porte un regard plus prospectif sur l'état réel de la principale institution municipale du pays.

Une sorte de diagnostic thérapie qui, non seulement devrait dégager ses principaux goulots d'étranglement, mais servirait également à trouver les médications nécessaires. Est-ce le sens à donner à la mesure de suspension d'un certain nombre de cadres municipaux (et leurs émoluments avec) que l'édile intérimaire de Libreville a prise récemment ?

En effet, lors des échanges, la préoccupation de la masse salariale qui inhibe les actions de cette institution a été posée. L'hôtel de ville croule sous des effectifs pléthoriques sans rapport avec ses missions véritables et ses besoins réels en ressources humaines. Et cela est de nature à fortement grever son budget.

Reléguant aux calendes grecques la vision qu'ils professaient de faire de Libreville "une ville belle, conviviale et attrayante", les différents maires s'étant succédé à la tête de la municipalité ont souvent considéré ce poste comme un terreau pour satisfaire leur clientèle politique. En recrutant à tour de bras dans leurs chapelles, au mépris de l'intérêt de la capitale, des hordes de courtisans, ils ont transformé la mairie de Libreville en une grande fourmilière.

Ils sont, debout, dans les jardins, dans les allées de la concession, dans les couloirs des bâtiments, adossés aux murs, parfois assis, toujours dans des conversations oiseuses, se tournant les pouces à longueur de journée. Conséquence : la masse salariale a explosé sans que l'on voie sa justification en termes de réalisations sur le terrain.

Dans ce registre du clientélisme politique, l'on se souvient que lors d'une conférence de presse, Léandre Nzue, alors qu'il venait d'être porté à la tête de la mairie de Libreville, avait publiquement annoncé des recrutements à caractère électoraliste...

D'après une note qui a récemment circulé, on peut lire ceci : "A son arrivée en mars 2019, la mairie croulait sous un effectif pléthorique de 2 252 agents, ce qui ne va pas empêcher Léandre Nzue, le nouveau maire, de faire grimper les statistiques à … 3 280 agents un an plus tard. Près de 60 recrutements par mois ! Une boulimie qui a conduit à l'explosion des charges salariales de l'institution à 83,33% du budget 2020. Bien qu'il ait procédé au licenciement de 68 agents, dont la plupart avaient été recrutés sous le mandat précédent, comment expliquer par la suite que le maire central ait procédé à 728 recrutements au 6 juin 2020, dont 531 recrutements pour la seule période de janvier à juin 2020, environ 100 recrutements par mois ?"

L'on comprend, dès lors, que la vision d'une ville de Libreville "belle, conviviale et attrayante" peine, des années durant, à être concrétisée. Tout simplement parce que les nobles motivations initiales porteuses des idéaux de développement ont vite été abandonnées pour assouvir d'autres desseins.



E. NDONG-ASSEKO



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