La Commission supérieure des Jeux du hasard s’est réunie pour la deuxième fois, ce mardi 20 mai, sous la présidence du ministre de l’Intérieur et de la Sécurité, Hermann Immongault. Si cette session a permis de faire le point sur l’avancée des mesures engagées depuis le 5 mars, elle a surtout été marquée par la polémique liée au choix de la société eTech SAS comme agrégateur technique et financier du secteur.
À l’issue de la réunion, le ministre a annoncé une mise en demeure de 72 heures à l’endroit des opérateurs de jeux encore non conformes. "Passé ce délai, une session extraordinaire se tiendra dimanche pour décider des sanctions à infliger", a prévenu Hermann Immongault. L’objectif : assurer la transparence, la régularité et la traçabilité des flux financiers générés par cette activité, encore largement échappant au contrôle de l’État.
Mais c’est bien le partenariat public-privé (PPP) signé avec la société eTech SAS, désignée comme intégrateur de la future plateforme nationale de régulation, qui cristallise les tensions. Sur ce point, le ministre a tenu à lever toute ambiguïté.
"Je ne vais pas entrer dans les polémiques. L’État est souverain. L’État a pris la décision d’avoir cet opérateur", a martelé Hermann Immongault. Le contrat signé avec eTech SAS relève, selon lui, d’un processus légal et transparent dans le cadre d’un PPP. Il précise également que cette entreprise, à terme, reviendra intégralement à l’État gabonais.
Face aux craintes exprimées par certains acteurs du secteur concernant l’emploi, le ministre a tenu à rassurer. "Il n’y a aucune menace, aucun péril en la demeure. Mieux : cette régulation va générer des milliers d’emplois. Aujourd’hui, nous sommes incapables de dire combien de Gabonais travaillent dans ce secteur. Demain, avec la régulation, nous pourrons avoir plus de 10 000, voire 100 000 emplois directs et indirects."
Le ministre a également insisté sur l’enjeu économique. En évoquant les 1 200 milliards de francs CFA que représente le secteur des jeux en Côte d’Ivoire, il a déploré l’opacité qui règne actuellement au Gabon. “Nous fonctionnons sur une base purement déclarative. Un opérateur déclare ce qu’il veut et paie 8% d’impôts. Ce modèle est obsolète.”
Selon Hermann Immongault, les flux financiers ainsi captés pourraient servir à financer des actions sociales et sportives. Il a notamment évoqué le cas des plus de 10 000 dossiers de sinistrés en attente d’assistance au niveau de la protection civile. “Le fonds de concours pour risque est vide. Ce partenariat permettra à l’État d’avoir les moyens d’accompagner dignement nos compatriotes.”
Quant à eTech SAS, accusée par certains de ne pas offrir les garanties nécessaires, le ministre assure que 95 % de ses effectifs actuels sont gabonais, et que la société ne recrutera à terme que des Gabonais.
"Nous faisons tout dans le respect de la loi", a-t-il conclu, appelant les opérateurs à sortir de l’informel. Ceux qui persisteront dans l’illégalité, prévient-il, "ont toutes les raisons de s’inquiéter".
En dépit des critiques, le gouvernement semble décidé à reprendre le contrôle d’un secteur jusque-là sous-régulé, au nom de la transparence, de l’équité fiscale et du développement national.
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