Élodie Diane Fouefoue-Sandjoh, ministre de la Femme et de la Protection de l’enfance, a récemment évoqué la construction de nouvelles haltes-garderies afin de permettre aux filles-mères de poursuivre leurs études.
Lors d’une rencontre avec la représentante résidente de l’Unicef au Gabon, Dr Marie-Reine Chirezi Fabry, elles ont convenu de mettre en place un plan de travail axé sur la protection de l’enfance, avec un accent particulier sur la scolarisation des jeunes filles. La lutte contre le décrochage scolaire lié aux grossesses précoces est au cœur de cette initiative.
D’où l’idée de relancer la construction de haltes-garderies, offrant ainsi aux jeunes-mères la possibilité de laisser leurs enfants dans un cadre sécurisé pendant qu’elles poursuivent sereinement leur scolarité. Mais comment fonctionnent actuellement ces structures ?
À la halte-garderie de Nzeng-Ayong, les tout-petits, dans de jolis uniformes, gambadent dans la cour. Ce qui pousse à se demander si on serait passé du concept de pouponnière à celui d'école. Difficile d'obtenir des réponses. Chacun ici campe sur un soi-disant droit de réserve pour ne piper mot. Il faut user de patience et de persévérance pour glaner quelques informations.
L'on découvre alors qu'à la création des haltes-garderies en 2003, ces structures avaient vocation à accueillir les enfants des jeunes filles-mères et des Gabonais économiquement faibles durant la journée afin de leur permettre de travailler ou d’étudier.
Entre 2006 et 2008, elles ont évolué vers une fonction éducative, préparant les enfants pour le CP1. Une introduction de l'instruction qui a nécessité des uniformes à la demande des parents. Initialement subventionnées avec un budget oscillant entre 18 à 22 millions de francs CFA, les haltes-garderies ont vu leur budget fondre, impactant considérablement leur fonctionnement.
Avant, le centre disposait de cantine et travaillait en continu. Même les jours fériés. Aujourd'hui, les garderies suivent un programme calqué sur l’Éducation nationale avec des horaires allant de 7 h 30 à 11 h 30 et une permanence jusqu’à 14 h 30, le temps de laisser les élèves-mères revenir de l'école pour récupérer leurs gosses qui y sont gardés. Un service payant de garde supplémentaire jusqu’à 17 h 30 (10 000 FCFA/mois) a été mis en place pour aider les parents qui finissent tard.
Quasi symboliques autrefois (1 000 FCFA/mois), les frais de scolarité ont augmenté, notamment avec la mise en place d’un accès payant pour les travailleurs. L’inscription reste gratuite, mais les parents doivent désormais contribuer à l’achat des fournitures (papier, macarons d’identification, activités ludiques).
Ici, la capacité d’accueil est de 500 enfants, mais le centre compte en son sein actuellement 674 tout-petits, avec des classes surchargées atteignant 80 élèves. Heureusement, un nouveau bâtiment financé par la fondation Dorcas est terminé. Mais il attend d'être inauguré. Il pourra désengorger les classes.
À cela s'ajoutent de nombreux problèmes de fonctionnement. Si beaucoup estiment que la construction de nouvelles haltes-garderies est un projet louable, ils se demandent si cette initiative ira à son terme. Ils pensent aussi qu'il serait étrange que les initiateurs ne tiennent pas compte de tous les manquements relevés plus haut. Au risque de rater la relance de ce projet.
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