La nouvelle a fait l'effet d'une onde de choc positive dans le pays. Le général-président Brice Clotaire Oligui Nguema a décidé d'inclure onze femmes dans le nouveau gouvernement de Raymond Ndong Sima III, atteignant ainsi un peu plus de 30 % de représentation féminine. Cette décision réjouit les militantes et symbolise un engagement fort en faveur des droits des femmes. Nicole Nguema, experte en genre et droits humains, s’est exprimée avec enthousiasme : "Ce gouvernement est en parfait alignement avec la loi 09/2016 qui exige une représentativité de 30 % de femmes. Nous ne pouvons que nous en réjouir."
Pourtant, cette avancée est teintée de nuances. Hortense Nname, militante passionnée, considère que 30 % est encore "très insignifiant" pour des femmes dont le potentiel et les compétences sont indiscutables. Elle prône une augmentation à 50 % d'ici l'année prochaine, convaincue que cette parité pourrait révolutionner les sphères décisionnelles du Gabon. "Vous verrez comment les choses vont s'équilibrer à tous les niveaux de la société", assure-t-elle.
Le ministère chargé de la Femme et de la Protection de l’enfant, rétabli après plusieurs années d'absence, est également salué comme une avancée majeure. La présidente de l'ONG Samba Mwanas insiste sur l'importance de ce département, qui répond à des problématiques urgentes : violences faites aux femmes, précarité des mères célibataires, et protection des enfants. "Nous allons tout mettre en œuvre pour l'accompagner efficacement", déclare-t-elle, soulignant le chemin ardu qui reste à parcourir.
Élisabeth Ngoua Mbina, présidente du Réseau national des femmes médiatrices de paix du Gabon (Renafem-Ga), voit dans ces nominations un tournant historique. Elle souligne l'importance de la reconnaissance des compétences féminines dans des postes décisionnels. "Vous êtes des modèles inspirants pour les générations futures", a-t-elle déclaré aux nouvelles ministres, les appelant à incarner des valeurs de loyauté et d'intégrité.
Cependant, cette euphorie est tempérée par un sentiment d'inachevé. La présidente du Renafem-Ga déplore l'absence de représentants des personnes vivant avec un handicap au sein du gouvernement, plaidant pour une plus grande inclusivité. En 2023, un recensement a révélé que 15 694 Gabonais sont porteurs d'un handicap, mais beaucoup demeurent invisibles, cachés dans des foyers, et souvent négligés par les politiques publiques.
Le chemin vers l'égalité des genres et l'inclusion des personnes en situation de handicap est semé d'embûches, mais les récentes nominations offrent une lueur d'espoir. Les militantes des droits des femmes au Gabon se mobilisent pour faire entendre leur voix, et les attentes sont désormais placées sur les épaules de celles qui ont été élevées à des postes de pouvoir. Les promesses d'un avenir plus équitable pour tous résonnent, et l'on peut espérer que cette dynamique se traduira par des actions concrètes au bénéfice de la société tout entière.
Le Gabon est à un tournant, et le regard des femmes, des enfants et des plus vulnérables est rivé sur les nouvelles figures du pouvoir. À elles de transformer cette opportunité en un véritable levier de changement.