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Enquête

Environnement : dans la peau d’un bébé tortue de mer

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Avez-vous déjà assisté à l'éclosion d'un œuf de tortue marine ? Avez-vous déjà pris part à la tentative de ces petites ''choses'' pour rejoindre leur milieu de vie ? Savez-vous qu'elles enclenchent à chaque fois une course contre la montre pour la vie ? Une nuit durant, les équipes de L'Union, guidées par les membres de l'ONG Projets Tortues Tahiti Gabon, ont sillonné la plage du Tropicana ! Lecture. Si les bébés tortues de Libreville n'arrivent pas à l'âge adulte pour se reproduire, ceci signera la fin du caractère unique de Libreville qui fait partie des rares capitales au monde à avoir une plage de ponte de tortues en son centre-ville.

 

Il est plus de 21 heures ce jeudi. Sur la plage Tahiti, entendez Tropicana, et alentours, les membres de l'ONG "Projets Tortues Tahiti Gabon", une dizaine, se sont donné rendez-vous pour une randonnée nocturne. L'air est frais, le temps est clément et la plage est calme, tout juste troublé par le mouvement de va-et-vient régulier des vagues. Ce soir, la lune n'est pas apparue. En entame de cette marche, on rappelle une fois de plus les consignes : " Si jamais on trouve des tortues, on fait des photos mais sans flash. On reste en groupe pour ne pas perdre quelqu’un".

 

Le top est donné, le groupe s'ébranle. Ce soir, il est question de voir la plage " en condition de bébés tortues". Histoire de conforter la thèse selon laquelle la lumière désoriente leur progression vers la mer. La même randonnée entend sensibiliser les propriétaires de maisons à la plage aux effets néfastes de leurs lumières sur ces petites créatures. Justement, là, une habitation avec d'énormes lampadaires blancs presque incandescents. " Une catastrophe pour le projet " fait remarquer Julien Carrier, membre de "Projets Tortues Tahiti Gabon", ONG d'étude et de protection des tortues marines. Il s’arrête pour marquer un point de repère. Plus loin, une autre habitation avec des projecteurs tout aussi blancs… Julien continue de prendre des notes. En projet : discuter avec les occupants de ces immeubles et leur demander de bien vouloir peindre leurs lumières en rouge. En fait, explique Julien, la lumière blanche désoriente les tortues. Elles l’assimilent au reflet de la lune sur la mer et se dirigent vers elle plutôt que vers la mer, qu’elles doivent rejoindre 48 heures après leur éclosion.

 

De temps en temps, le groupe s’arrête pour apprendre une ou deux choses sur les tortues. On découvre ainsi que la saison des tortues, celle durant laquelle elles viennent pondre sur le rivage, se situe entre octobre et novembre. Sauf que les changements climatiques impactent aussi ces animaux. " Il y a 2 ans elles sont venues en août… Leurs œufs éclosent au bout de 60 jours". Ce soir pas de chance ! Aucun bébé tortue ne sera rencontré. Tout juste des raies guitares. Ou… pas si vite ! Alors que le groupe amorce le retour de sa randonnée, la rencontre tant espérée se fait enfin. Des bébés tortues, comme des fourmis, émergent d’un bosquet et se dirigent là où elles peuvent.

 

Le groupe s’arrête, donne des consignes de faire attention, rappelle de ne pas utiliser de faisceau lumineux et aide les minuscules bêtes à aller vers la mer. Les membres fouillent le bosquet pour s’assurer qu’aucun bébé n'est resté coincé dans les herbes ou au milieu des détritus. Pour faciliter la progression des bébés tortue, le petit groupe décide de créer un cordon lumineux à la limite des vagues. Instantanément, les petites tortues se dirigent vers ces faisceaux de lumière et regagnent ainsi la mer nourricière.

 

Au plus fort de cette activité de guider les tortues à la mer, l'on profite pour glisser une autre information : les tortues reviennent toujours pondre sur leur lieu de naissance. " Si les bébés tortues de Libreville n'arrivent pas à l'âge adulte pour se reproduire, ceci signera la fin du caractère unique de Libreville qui fait partie des rares capitales au monde à avoir une plage de ponte de tortues en son centre-ville", apprend-on Mais il faut savoir qu'il n'y a pas que les lumières qui sont nuisibles aux tortues sur la plage. Les déchets divers peuvent aussi les désorienter sinon constituer des obstacles dans leur progression vers leur milieu de vie.

 

Aussi, aux patrouilles et randonnées sur la plage, ajoute-t-on à l'ONG Projets Tortues Tahiti Gabon des opérations de nettoyage avec l'aide de nombreux autres partenaires.

 

Line R. ALOMO

Libreville/Gabon

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