La décision rendue, le 19 mai 2025, par la Cour internationale de justice (CIJ) dans le différend frontalier opposant le Gabon à la Guinée équatoriale constitue un tournant majeur dans les relations bilatérales. Autrement dit, une étape significative dans la promotion du règlement pacifique des conflits en Afrique.
Au vu de ce règlement diversement accueilli par les populations des deux États voisins unis par la langue et l'Histoire, trop souvent soumises aux analyses, commentaires et autres interprétations parfois erronées, Libreville et Malabo se doivent de maintenir l'esprit et l'approche constructive qui les ont amenées à soumettre leur différend devant cette instance internationale.
En s'y rendant, le droit commande qu'ils appliquent à la lettre tous les aspects querellés, portant aussi bien sur la souveraineté de la Guinée équatoriale sur les îles, sur la délimitation des frontières terrestres qui confère au Gabon des zones actuellement occupées que sur des limites maritimes, qui condamnent les deux pays au dialogue indispensable au maintien de leurs bonnes relations bilatérales.
Dans cette optique, il n'y a donc pas lieu de se complaire dans une compréhension ou une lecture très restrictive de l'arrêt de la juridiction internationale, en faisant croire que seule la question de Mbanié portait le différend territorial. Alors que l'arrêt de la CIJ qui est unique, ne souffre d'aucune confusion.
Par conséquent, tous les faucons, jusqu'auboutistes, va-t-en-guerre et autres revanchards qui tentent ou feignent d'ignorer les déterminismes ou raisons qui ont milité pour le règlement pacifique de ce différend vieux de plusieurs décennies par l'instance judiciaire internationale et tous ceux qui, ces derniers temps, s'illustrent par des discours à rebours de l'esprit de l'arrêt de la CIJ, doivent plutôt s'orienter vers cette voie, plutôt que d'entretenir la confusion, s'obstiner à méconnaître les autres pans de la décision. Oubliant que le chemin emprunté par eux aujourd'hui tranche avec l'esprit originel et l'objectif premier qui était de trouver une solution définitive au litige entre les deux pays.
Cette voie est d'autant plus conforme à celle prise par leurs dirigeants ayant eu à cœur, durant ces dernières décennies, d'éviter l'escalade des tensions entretenues par des rhétoriques plates et un tantinet belliqueuses, de manière à maintenir les vieilles relations fraternelles ainsi que les rapports de bon voisinage entre leurs deux Nations sœurs.
De ce fait, si aujourd'hui l'arrêt de la CIJ est considéré, à juste titre d'ailleurs, comme un exemple pour d'autres Nations confrontées à des litiges similaires, puisqu'il met en avant l'importance du respect du droit international et le dialogue entre les deux parties, une approche réaliste, c'est-à-dire respectueuse avant tout de l'arrêt dans sa globalité, doit l’emporter sur toutes autres considérations de politique intérieure ou régionale, notamment.
Pour ce faire, la Guinée équatoriale, pour ne citer que ce pays frère, qui durant toute la phase contentieuse stricto sensu du conflit, a eu trop souvent une position teintée de mauvaise foi, au point d'aiguiser un peu plus la méfiance du Gabon, doit se résoudre à lire la décision de la Cour internationale de justice dans sa globalité, pour que cette première phase de l'exécution soit possible. Et non choisir le pan qui l'intéresse, comme dans une auberge espagnole. Car, la seconde phase relative à la délimitation des frontières terrestres ne sera guère aisée, dans l'immédiat, surtout lorsqu'on observe les attitudes et autres propos de ses dirigeants et tant que persistera cette approche selective du côté de Malabo.
Lin Joël NDEMBET
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