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Politique

[Editorial] - Dépénalisation du délit de presse : un défi à relever

Lin-Joël Ndembet - Directeur de la Rédaction et Publication du Quotidien L'Union

La dépénalisation du délit de presse au Gabon est une avancée juridique importante, mais son application effective reste un défi à relever. Des journalistes gabonais continuent de faire l'objet d'intimidations et de pressions pour avoir exercé leur métier. Les récentes convocations par des entités non habilitées à traiter les délits en matière de presse en sont la parfaite illustration. En effet, si de nombreux acteurs étatiques et citoyens n'ont pas encore compris ou ne veulent pas toujours accepter l'évolution juridique en matière de presse dans notre pays, comment garantir la liberté de la presse et l'État de droit au Gabon ? en ceux qui sont chargés ne respectent pas les engagements pris en matière de dépénalisation du délit de presse contenus dans l'ordonnance portant Code de la communication ?

Et pourtant, nul n'ignore que la dépénalisation, une promesse d'Omar Bongo Ondimba aux hommes de presse, actée seulement en 2015 signifie clairement que plus aucun journaliste ne sera jeté en prison pour ses écrits ou publications. Pendant que des fossoyeurs de la République circulaient librement. Une revendication des professionnels gabonais des médias, appuyé par des organisations telles que "Reporter sans frontières" (RSF). Elle a été, quoiqu'on dise, un pas important vers plus de démocratie et de liberté d'expression.

Cependant, sa mise en oeuvre effective qui ne semble pas totalement entrer dans les pratiques, nécessite une volonté politique et une culture de respect des droits de l'Homme pour tous les acteurs (citoyens, gouvernants, magistrats, Officiers de police judiciaires, etc.). Pour admettre que les affaires et délits de presse (diffamation, atteintes à la vie privée, etc. par voie de presse) ne peuvent être traités en dehors de la Haute autorité de la Communication (HAC). L'instance indépendante de régulation de la Communication dans notre pays dispose d'instruments (sanctions administratives, pécuniaires et autres) à cet effet.

En somme, nos autorités doivent garantir l'exercice du journalisme afin qu'il ne soit jamais confondu avec un acte criminel tel que défini par le Code pénal en vigueur dans notre pays. Ne pas l'admettre, comme on peut le déplorer encore au vu des dérapages, du zèle de certains acteurs, constitue une atteinte flagrante à la liberté de la presse. Celle-ci étant contraire aux engagements pris au lendemain du 30 août 2023, par le président Brice Clotaire Oligui Nguema de garantir la libre expression des journalistes. Engagement qu'il s'est employé à respecter lui-même depuis la Transition, en se faisant le défenseur inlassable des hommes de presse, en interpellant, ici et là, celles et ceux tentés d'enfreindre leurs droits.

N'en déplaise à ces bourreaux, il ne saurait donc être question que le Gabon qui a réalisé d'importants progrès perde les places gagnées dans le dernier baromètre mondial de RSF sur la liberté de la presse. Face à ces acquis déjà perceptibles, il est grand temps que les pouvoirs publics poursuivent leurs efforts en prenant des mesures concrètes pour assurer l'application effective de la loi et garantir la liberté de la presse. Le pari est grand à l'aube de la Ve République.

Il est possible de le relever. Pour ce faire, les professionnels des médias et les organisations de défense de la presse doivent continuer de dénoncer les violations de la loi et de réclamer un climat serein et démocratique pour la presse. Il est aussi important que tous les autres acteurs impliqués oeuvrent à l'application effective de ce Code de la Communication. Ainsi le Gabon pourra renforcer l'État de droit et sa démocratie.

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