Prunelle est bachelière depuis la session 2023. Elle caressait le rêve de poursuivre ses études supérieures spécialisées en IA en Europe. Malheureusement, les orientations par le Secrétariat d'orientation scolaire et professionnelle (Sosup) envoient la jeune étudiante à l'Université des sciences et techniques de Masuku (USTM).
Comment faire pour avoir une bourse et poursuivre son rêve ? Une question lui est donc posée : ''Tu ne connais personne à l'Agence nationale des bourses du Gabon (ANBG) ?'' Voilà qui est suggéré. Pour bénéficier d'une bourse, il faut avoir un contact capable de suivre le dossier de bout en bout. Et que fait-on de l'égalité des chances prônée par nos nouvelles autorités ? Pour rappel, un gang de mafieux à l'ANBG avait été mis à nu en mars dernier.
Il s'agissait d'une affaire de détournement au cœur de la gestion et de l'attribution de ces allocations d'études. Les autorités faisaient état d'un vaste dossier de corruption et de détournement, spécialisé dans des faits de malversations opérationnelles depuis des années qui venait d'être démantelé par les services chargés d'investiguer et d'identifier tous les coupables de cette déliquescence. Certains d'entre eux auraient volontairement gonflé les comptes des étudiants boursiers en y ajoutant sur les listes d’attribution de bourses des noms fictifs d'étudiants inscrits aussi bien au Gabon qu'à l'étranger.
Falsifiant ainsi les comptes financiers de l'ANBG avec ces boursiers fantômes d'une part, et ceux n'ayant pas répondu aux critères d’attribution mais se trouvant sur les listes de vrais bénéficiaires, d'autre part. Ces malversations entretenues révèlent, bien entendu, des failles dans le service interne et d’un mauvais processus de vérification dans les modalités d'attribution des bourses.
En clair, cette affaire n'était que l'arbre qui cache la forêt. Le trafic lié à l'attribution des bourses est une vieille pratique entretenue par les différentes équipes qui se sont succédé à l'ANBG. Entre les listes de potentiels boursiers (ne remplissant pas souvent les critères) sous plis fermés, qui sont adressées et les attestations de bourses qui sont signées avant même la tenue des commissions, l'attribution de ce droit aux étudiants ayant rempli les critères devient une épreuve au bout de laquelle il faut avoir prié tous les dieux et invoqué les ancêtres pour que son enfant en soit bénéficiaire. Du moins sans avoir “mouillé” une tierce personne. Sinon, quel enfant de “Makaya” pourrait décrocher une bourse pour l'Université Laval ? Surprenez-nous !