Le Gabon parviendra-t-il réellement à afficher vis-à-vis des acteurs et actrices culturels le respect qui leur est dû ? La question taraude les esprits dans le monde de la culture depuis des décennies. Et la vidéo de regrets de l'acteur Prince de Capistran récemment décédé jette à nouveau le pavé dans la mare. Le monde de la culture n'est pas idyllique aux yeux de ceux qui l'animent.
Le dernier événement en date, celui des Kotas Awards 2024, organisé en décembre 2024, est une illustration supplémentaire du peu de considération accordée aux acteurs culturels. À ce jour, hormis les trophées, les vainqueurs n'ont toujours pas perçu les sommes d'argent promises.
Selon un communiqué du comité d'organisation, des mesures seraient en train d'être prises pour procéder au paiement. Mais comment les organisateurs d'un événement présenté comme "prestigieux" peuvent-ils convoquer des artistes sans avoir réuni toutes les conditions permettant de récompenser avec dignité les nominés ? Hélas, ce fait rappelle ce qui se faisait déjà sous le régime déchu le 30 août 2023.
En effet, dans le pays, ce n'est pas la première fois qu'une telle négligence à l'égard des artistes se produit. Il est souvent arrivé, après un spectacle, que les chanteurs et autres invités ne reçoivent pas l'argent du contrat établi. Ce phénomène a d'ailleurs pour conséquence la fuite des artistes locaux vers des eldorados artistiques.
En juillet 2024, la chanteuse Créol, qui venait de s'installer en Côte d'Ivoire donnait dans nos colonnes, les raisons de son départ du Gabon: "Je découvre (...) qu'on peut vivre de notre art. Tant que la situation ne s'améliore pas au Gabon, je ne drai pas. Je suis artiste, il faut que je vive de mon art. Ce qui n'est pas possible au Gabon. Le secteur culturel gabonais est en panne. Et moi, en tant qu'artiste, j'ai besoin d'exprimer mon talent et d'être dans un environnement qui m'accompagne…"