Depuis plusieurs années, les performances des athlètes gabonais aux compétitions continentales et internationales suscitent plus l'affliction qu'elles ne donnent lieu à l'allégresse. Au terme des Jeux africains de mars 2024 par exemple, le Gabon s'est classé 34e sur 52 pays participants, en obtenant quatre médailles (une en argent et trois de bronze).
"Ce n'est que la résultante de l'absence au niveau domestique des épreuves compétitives et régulières", pense un responsable sportif avisé. Non sans déplorer le manque de vision et de politique susceptibles de planifier et de mobiliser les moyens adéquats dans le temps. Mieux, de contrôler la gestion quotidienne des athlètes de haut niveau. Pour le président du Comité national olympique du Gabon (CNOG), Crésant Pambo, il est grand temps et important de bâtir une politique et une stratégie sur la base des points forts du pays.
"La volonté populaire oriente le choix de l'action sur le football et d'autres sports emblématiques, collectifs, tels que le basket-ball. Mais il faudra tout de même admettre que la faiblesse de la population défavorise de facto notre pays en concurrence avec le continent et le monde. Le bon sens impliquerait donc d'orienter notre stratégie et notre politique vers des sports individuels, sur ceux qui ont déjà enregistré des succès, les sports de combat, ou dans lesquels des aptitudes naturelles peuvent apparaître : la natation sur les courses en eau libre du fait de l'importance du réseau hydraulique, l'athlétisme sur des disciplines peu chahutées comme les sports de lancer. Car le sportif de haut niveau est le résultat d'une construction progressive", détaille-t-il.
Le patron du CNOG, qui milite pour "la prise en charge du sportif très jeune aujourd'hui", propose une stratégie architecturée en plusieurs étapes : la détection, la sélection, la préparation et la performance. À l’issue de la phase de détection issue des animations et compétitions olympiades des EPC (Écoles publiques conventionnées), des programmes sport-études des lycées et collèges, des actions spécifiques des fédérations nationales ainsi que celles des territoires déconcentrés sous la supervision du CNOG, 200 enfants dont l'âge varie entre 10 et 15 ans, devraient être retenus.
Tout comme les disciplines ciblées suivantes : athlétisme, natation, judo, taekwondo et boxe. "Ils seront pris en charge, à partir de janvier 2025 jusqu'aux Jeux olympiques de la jeunesse, en termes d'entraînement par des techniciens professionnels dédiés", précise Crésant Pambo. Chaque pôle d'excellence, explique notre interlocuteur, sera administré par deux instructeurs rémunérés par le programme stratégique et qui seront les superviseurs sportifs malgré le placement des enfants dans les clubs existants ou à créer labellisés par le Comité national olympique.
Par ailleurs, dans le cadre de cette stratégie, poursuit-il, l'encadrement technique des enfants, le matériel sportif, le transport, leur assurance et leur vêture seront pris en charge. "Au terme d'une première année de mise en œuvre, chaque pôle fera l'objet d'une évaluation dans le cadre d'une compétition nationale et une opposition en club sur le continent, notamment au Maroc. Le suivi sera assuré jusqu'à la participation aux Jeux olympiques de la jeunesse à Dakar en 2026, au terme duquel le programme prendra fin", conclut le président du CNOG.