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Enquête

Cancers : ces survivants gabonais au top de leur forme !

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DONNÉS pour morts, parfois abandonnés de tous, ou accusés de pratiques de sorcellerie, les malades du cancer en ont vu des vertes et des pas mûres. Pourtant envers et contre tout, ils s'en sont sortis et poursuivent leur bonhomme de chemin. Qui sont ces miraculés ? Comment cela a-t-il été possible de guérir d'une maladie dont la rumeur populaire condamne à la mort la plupart de ceux qui en sont atteints ? Line Alomo vous plonge dans l'univers des miraculés du cancer.

 

CE jeudi matin, les équipes de L'Union ont rendez-vous à l'Institut de cancérologie de Libreville (ICL) à Angondjé. Dans une petite salle, jeunes, moins jeunes et vieux attendent. Chacun a, à cœur, de raconter sa victoire sur le cancer. Car tous, autant qu'ils sont, sont les survivants de cette affection. D'abord Agnès Mboumba, 68 ans. La dame pète la forme. Elle a souffert du cancer du sein. Elle avait 36 ans quand elle a senti une petite boule qu'elle a laissée passer se disant que c'était un abcès. "Ça n’évoluait pas et ça ne faisait pas mal." En janvier 2019, elle frôle un AVC. Au scanner on découvre qu’elle a un module, confirmé comme cancer de type 5 par une biopsie à l'ICL. Elle se sent condamnée, mais commence les séances de chimiothérapie, 8 au total, avant de subir en novembre 2021 une opération pour la débarrasser de la maladie. Le scanner effectué il y a deux semaines indique que tout est désormais normal… Mme Mboumba s’en sort avec un sein en moins, un bras plus gros que l’autre. Des médicaments à boire à une heure précise pendant 5 ans. Mais elle a survécu et aimerait que l'État pousse l'accompagnement des malades du cancer jusqu'à l'achat des prothèses mammaires.

 

Béatrice Makanga, 59 ans, a aussi souffert du cancer du sein. C’est en fin 2017 et après des examens qui ont confirmé la maladie, qu'elle se retrouve en cancérologie. Mais Béatrice a déjà côtoyé le cancer et en garde un souvenir terrible : sa sœur en est morte. Alors la dame se sait condamnée à une mort certaine. "Je savais mon tour arrivé". Mais elle va tout de même se plier aux conseils de son cadet : "Même s’il y a le sorcier, allons à l’hôpital." Et c'était parti pour des séances de chimio. Après l’ablation de son sein, elle va suivre des séances de radiothérapie au Maroc. "Le plateau technique était en panne à l’époque. Elle va mieux et est la preuve que le cancer peut être guéri."

 

Graziella Ada Nguema est la benjamine du groupe avec tout juste 31 ans. Elle dormait une nuit de 2019 quand elle a ressenti des picotements dans le sein. Au matin, le sein avait pris du volume et la peau autour avait les allures d’une pelure d'orange. Graziella allaitait à l’époque, mais une échographie mammaire révèle une masse dans son sein. Une biopsie confirme un cancer du sein à opérer de toute urgence. Le médecin la rassure : " Si tu suis toutes les recommandations, tout ira bien." Des cotisations des parents et collègues étudiants plus tard, Graziella subit une mastectomie radicale le 9 décembre 2019. En février 2020, commencent les chimios sur une année avec les cheveux qui tombent, des transfusions avant et après les chimios. Rien de facile. "Le traitement de la chimio donne l’impression qu’on te tue. Je sortais de là, plus mal que je n'étais entrée. Mon fils en arrivait à avoir peur pour moi tant j'avais les allures d'une loque humaine durant cette période. Sans oublier les jugements, les accusations…" Mais Graziella a survécu.

 

S.K. 64 ans, militaire retraité qui a souffert d'un cancer du côlon. Des amis à qui il se confie lui prédisent la mort. Heureusement, il ne les écoute pas et suit la procédure. En 2018, il est opéré avec succès à l'ICL et poursuit le traitement. Désormais, aucune présence tumorale, indiquent ses résultats de contrôle. Il va donc mieux et consulte tous les 6 mois un médecin. Mais l'homme a eu maille à partir avec les rumeurs. S'ils les avaient écoutées, il n'en serait plus là, témoigne-t-il. Un peu comme Michelle Moutsomoukara, 45 ans. Elle dont des médecins ont opéré le sein à la hâte en province avant de l'abandonner ensuite à son triste sort. Elle dont le sein a pourri et indisposait les autres malades. Elle encore à qui on a conseillé d'aller voir des "nganga" plutôt que des médecins. Heureusement, elle a tenu bon. Et c'est à l'ICL qu'elle doit son salut au bout de 38 séances de radiothérapie. Aujourd'hui remise, elle tance l'ignorance qui condamne les gens à la mort ou encore le temps perdu à aller chez le nganga ou à accuser les parents d'être responsables de son état. Le cancer est donc une maladie comme une autre dont on guérit. Mais comment cela est-il possible ?

 

Line R. ALOMO

Libreville/Gabon

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