Audiovisuel : Télé Africa ferme le rideau

La page de Télé Africa se tourne définitivement au même moment où l’année 2025 tire sa révérence. Placée sous administration provisoire et dirigée par Maître Roger Valère Moussadji, la chaîne de télévision a officiellement reconnu son incapacité à faire face à ses engagements financiers. En cause : une trésorerie exsangue et l’impossibilité de générer des revenus suffisants à travers ses activités. Déclarée en cessation de paiements, l’entreprise a engagé une procédure de rupture amiable des contrats de travail, présentée comme la seule option pour tenter de désintéresser, même partiellement, ses employés.

Mais sur le terrain, cette procédure est loin de faire l’unanimité. Pour de nombreux agents, la perte de leur emploi s’accompagne d’un profond sentiment d’injustice. Plusieurs dénoncent des propositions d’indemnisation jugées dérisoires, sans rapport avec leurs droits réels. Certains cumulent dix, quinze, voire vingt années d’ancienneté, auxquelles s’ajoutent près de trois ans d’arriérés de salaires impayés. « On nous propose des montants qui ne couvrent même pas la moitié de ce qui nous est dû, tout en nous demandant de quitter immédiatement les locaux », confie un salarié amer.

Au-delà de l’aspect financier, c’est surtout le silence des pouvoirs publics qui alimente la colère. Pères et mères de famille, les ex-employés de Télé Africa estiment être abandonnés par un État censé veiller au respect des droits des travailleurs du secteur privé. Cette fermeture intervient dans un contexte où le chômage est déjà une préoccupation majeure au Gabon. La disparition de Télé Africa vient ainsi grossir les rangs des sans-emploi et accentuer la pression sociale. Reste à savoir si le gouvernement saura apporter des réponses concrètes et équitables à ces Gabonais brutalement plongés dans la précarité.