Tout au long de la campagne pour le référendum du 16 novembre dernier, les partisans des deux camps se sont livrés à des joutes oratoires Tout au long de la campagne pour le référendum du 16 novembre dernier, les partisans des deux camps se sont livrés à des joutes oratoires qui a finalement été plébiscité par les Gabonais. Quand le camp du "Non" s'arc-boutait sur la nature du régime qui avait été proposé, sur la forte concentration supposée des pouvoirs dans les mains du président de la République, la non-séparation des pouvoirs, etc., cette approche pédagogique qu'il tentait d'imposer sur les plateaux de télévision, à travers les réseaux sociaux et autres supports n'a malheureusement pas été très porteuse. De nombreux Gabonais, aussi bien dans le Grand Libreville que dans l'arrière-pays et la diaspora, semblaient quelque peu désarçonnés, certains peu intéressés par les débats des juristes, constitutionnalistes et autres élites.
Une confusion dans les têtes qui, malheureusement pour les partisans du "Non", a davantage conforté celui du "Oui". Car, bien que disposant de contre-arguments pertinents sur de nouveaux critères d’éligibilité, le mandat présidentiel et autres, sa campagne de proximité à forte tonalité politico-sociale, liant trop souvent l'approbation du projet de loi fondamentale à l'amélioration des conditions de vie de nos compatriotes, aux avancées sociales contenues dans ledit projet, au vu des slogans, panneaux, affiches, messages délivrés çà et là, et insidieusement à Oligui Nguema, aura, le moins qu'on puisse dire au regard des résultats, été plus persuasive sur le terrain.
Au demeurant, le choix des Gabonais peut être interprété, qu'on le veuille ou non, comme étant celui de personnes peu ou pas (c'est selon) préoccupées par la nature du régime politique et l'étendue des pouvoirs du chef de l'Exécutif qui leur ont été soumises. Mais, laisse à penser, sans y avoir été consultés sur cette question, qu'ils ont davantage été captés par la satisfaction de leurs besoins ainsi que la résolution des problèmes auxquels ils sont confrontés quotidiennement. Toute chose que les tenants du "Oui" ont habilement exploitée tout au long de la campagne. De ce fait, peu importe que le régime soit présidentialiste, que leur liberté soit restreinte, qu'ils aient à leur tête un "monarque républicain", un despote ou pas, les motivations sociales ont davantage primé sur leur décision.
Une réalité qui, finalement, conforte la frange de ceux et celles qui, à tort ou raison, pensent que la démocratie instaurée dans le pays depuis 1990 avec son corollaire (régime semi-présidentiel, séparation des pouvoirs, etc.), n'a pas apporté le développement escompté. Et la situation dans laquelle se trouvent de nombreuses couches de la population et l'état actuel du pays peuvent avoir été des facteurs ayant renforcé le scepticisme et amené les Gabonais à faire ce choix de plébisciter la Constitution, en espérant que le futur dirigeant du pays changera réellement leurs vies.